Ce film a failli ne jamais voir le jour suite à la crise de la MGM. Néanmoins, alors que la salle de cinéma s'éteignait progressivement, je repensais aux différentes questions que pouvait soulever ce nouvel épisode : saura t'il sauver l'Agent 007 de la noyade après le décevant Quantum of Solace, et si oui, surpassera t'il Casino Royale ?
Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de re-localiser l'Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l'ISC (le comité chargé du renseignement et de la sécurité). Le MI6 est à présent sous le coup d'une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu'un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l'ombre. Avec l'aide d'Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l'objectif secret et mortel...
Ce scénario, aux allures plus ou moins classiques, se révèle le plus intimiste qu'il m'ait été donné de voir dans cette saga : en fait, ce n'est pas un film de James Bond, mais sur James Bond ! Sans rien dévoiler, le passé de notre agent britannique nous paraît moins flou, et cela vaut pour d'autres personnages (M, pour ne pas la citer). Les scénaristes ont avoué que le dernier film de Christopher Nolan a influencé cette vision du personnage (et cela se sent). Ce que l'on peut retenir de la qualité du scénario est que l'on prend un grand plaisir à le suivre (même si les puristes de films d'espionnage ne le trouveront pas extraordinaire).
On ressent le plaisir de chacun des acteurs de ce casting étoilé. Un élément des James Bond qui avait quasiment disparu du précédent volet, marque son grand retour : l'humour ! Attention, je ne parle pas de l'humour britannique d'antan (avec des jeux de mots pourris) mais d'un humour « moderne » où tous les personnages disent ce qu'ils pensent quand il le faut (on retrouve ici le caractère un peu insolent de James Bond de Casino Royale).
Toutefois, n'allez pas croire que la tradition « bondienne » est sacrifiée (à la manière d'un Quantum of Solace) au profit d'une pseudo-modernité : à l'occasion des 50 ans de notre ami 007, Skyfall réussit le parfait mélange entre tradition et modernité ! Les références aux anciens films sont nombreuses : si je devais n'en citer qu'une, cela serait le retour de Q et de ses gadgets. Mais il y en a peu, ce qui rejoint cette volonté de renouveler la série tout en gardant certaines touches nostalgiques.
La nostalgie et la vieillesse sont justement deux des thèmes centraux : la principale question qui est posée indirectement tout au long du film est « est-il nécessaire de continuer la saga ? ». Ce film se veut être un bilan de toutes les aventures de l'Agent 007 : Est-il obsolète ? N'est-il pas venu le temps de passer à autre chose ? Le scénario est lui-même centré sur ces questions, alors que le spectateur va transposer ce questionnement au niveau de la saga. Cette réflexion est vraiment l'un des points forts du film !
Mais que serait un scénario sans de bons acteurs ? Ici il n'y a pas de problème, tous les acteurs sont superbes ! Cela va des personnages principaux aux secondaires, personne n'est laissé sur le bord de la route à se demander quoi faire : Daniel Craig est un James Bond poignant, Judi Dench une « M » inoubliable... A noter qu'il n'y a pas de « James Bond Girl » attitrée : notre actrice française s'en sort honorablement avec une certaine classe.
Dernier personnage auquel j'aimerais dire deux mots : Raoul Silva ! La première fois que j'ai vu cet acteur espagnol (Javier Bardem, que l'on peut voir dans No Country for Old Men) aux cheveux blonds pour l'occasion, je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre... Et ma réaction fut immédiate : « Ah ouais quand même... Il est cinglé, mais géniale ! » Les mimiques du personnage, ainsi que son intelligence (qui n'a d'égal que sa folie) m'ont même fait pensé au Joker de The Dark Knight (dans une moindre mesure tout de même).
Skyfall réussit aisément à surpasser le précédent volet, mais là où je l'attendais moins, c'était d'égaler Casino Royale. Pour moi, il le surpasse même, par son scénario intiment lié à ses personnages. Mais outre les préférences de chacun, cet épisode est un véritable « reboot » d'une saga qui risquait de s'enliser avec le temps... Un grand coup de chapeau à « Monsieur Sam MENDES » !