David O. Russell (connu un temps pour Les Rois du Désert) serait-il le sponsor idéal pour qu’un acteur obtienne un Oscar ? Il semblerait bien que oui ! Après son réussi Fighter qui récompensait (enfin !) le talent de Christian Bale et de Melissa Leo, c’est au tour de Jennifer Lawrence de se voir auréolée via Happiness Therapy. Une comédie romantique qui s’est nominée aux plus prestigieux des titres de l’Académie (huit, dont celui du Meilleur film). Un film bien loin des spectacles à costumes dont sont friands les juges ! Qu’a-t-il bien pu faire d’Happiness Therapy un favori à ce point ?
Surtout que sur le papier, Happiness Therapy ne sort nullement du lot. Soit l’histoire d’un prof dépressif (sa femme l’ayant trompée) diagnostiqué bipolaire qui tente de se reconstruire et surtout de reconquérir sa femme. Un optimisme que son entourage a du mal à comprendre. Jusqu’à ce qu’il croise la route de Tiffany, une jolie jeune femme dans le même cas que lui, dont il va se servir pour retrouver sa femme. Et, bien entendu, c’est autre chose qui va se produire. Je vous laisse deviner ! Une idée ? Quelqu’un ? Eh oui, les deux vont tomber amoureux ! Et franchement, je ne révèle rien, étant donné que cela se remarque très tôt dans le film. Surtout du fait que cela sent le déjà-vu à plein nez : les personnages, les situations, le fil rouge scénaristique, le dénouement… Rien de bien nouveau !
Et pourtant, on s’attache sans difficulté aux personnages. À ce dépressif optimiste joué par un Bradley Cooper impressionnant. Dans le sens où il sort enfin de son image de beau gosse (All About Steve, Very Bad Trip, Valentine’s Day, L’Agence Tous Risques) pour montrer qu’il a un talent. Pour donner vie à des personnages un peu plus complexe qu’un mec à nanas. À Jennifer Lawrence, star montante (Winter’s Bone, X-Men : First Class, Hunger Games) qui a su imposer sa présence dans le paysage hollywoodien et qui confirme ici qu’elle est une actrice née (Oscar donc mérité). À Robert De Niro, célébrité incontournable du cinéma américain qui s’est vu enchaîné les nanars et les rôles sans envergures. Et qui retrouve ici l’aura qu’il avait perdu en cours de route, cabotinant ici avec naturel plutôt que sous l’emprise de jouer pour toucher son cachet. À Chris Tucker, le comique de service connu grâce au Cinquième Élément et à la trilogie Rush Hour, qui prouve (malgré un rôle un peu trop secondaire) qu’il n’est pas le clown que tout le monde voit en lui. Bref, Happiness Therapy, s’il sort du lot des comédies romantiques classiques, c’est grâce à cette distribution il faut bien le dire, prestigieuse !
Rappelez-vous Fighter. Ce drame sportif (également biopic) qui se permettait par moment quelques élans de légèreté, se risquant dans la veine comique. Ce qui a très bien fonctionné ! Et c’est ce qui permet ici de se prendre d’affection aux personnages et à leur histoire respective. Cette légèreté qui fait de leur « handicap » (appelons cela ainsi, quand on voit le comportement de leurs proches vis-à-vis d’eux) un simple prétexte pour démarrer le film. Pour dire qu’untel recherche à reconquérir sa femme. Que machine tente de se reconstruire romantiquement après le décès de son mari. Bref, à sa manière, Happiness Therapy donne une nouvelle version de la crise de la quarantaine (pour le personnage de Bradley Cooper en tout cas). En plus de cette vision qu’il a de cette société. Celle qui préfère laisser les personnes dans le besoin se débrouiller entre elles pour se préoccuper de leurs tâches quotidiennes (comme se père qui ne pense qu’aux paris afin de réaliser son rêve : se payer un restaurant). Alors qu’au final, ces « égoïstes » se montrent aussi « déjantées » que les héros.
Une sorte de critique qui en profite pour dresser un lien père/fils véritablement touchant. Visant la maladresse du personnage de De Niro à vouloir renouer avec son fils. Voulant que ce dernier lâche sa quête de revoir son ex afin qu’ils puissent passer du temps, gâcher par l’obsession du père pour ses paris. Finissant du coup par des incompréhensions entre les personnages et donc par des disputes.
Mais bon, cela ne sort pas Happiness Therapy de la banalité. Le film se présente certes comme une très bonne comédie romantique, mais qui n’a rien d’autre à offrir que de la bonne humeur et des interprètes talentueux. Au point qu’il en est presque étrange de l’avoir vu aux côtés de Lincoln, Argo, Django Unchained et Zero Dark Thirty aux Oscars.
Quoiqu’il en soit, cette remise en question n’enlève en rien la qualité de cette comédie bon enfant. À savoir sa bonne humeur qui saura vous redonner le sourire sans difficulté. Il nous tarde, du coup, de voir le prochain film DE David O. Russell (American Hustle), qui réunit les grands acteurs de Fighter et d’Happiness Therapy : Christian Bale, Jennifer Lawrence, Bradley Cooper, Amy Adams et Robert De Niro. En espérant que le réalisateur conserve cette fraîcheur qu’il offre à ses films avec générosité.