L’on n’apprend pas à un singe à faire la grimace, donc, il va de soi que personne n’a eu à expliquer à James Mangold comment mettre en scène un divertissement pur jus concentré. Oui, le cinéaste, déjà sacrément rodé à la machine hollywoodienne n’aura finalement qu’eu à s’appuyer sur un tandem de star masculin versus féminin, son scénario en poche. Non pas que Knight and Day, appelons un chat un chat, les français appelleront ça comme ils veulent, ne soi un film extraordinaire, on n’en n’est loin, mais il possède une touche très légère qui laisse transparaître de réjouissantes perspectives. S’il est une catégorie de film à laquelle celui-ci appartient, il s’agit très clairement de la comédie d’action, et pour le coup, c’en n’est une très lourde. Oui, le tandem Tom Cruise et Cameron Diaz offrent au public, au surplus du savoir-faire de Mangold, une comédie de genre telle que longtemps espérée et jamais venue.
L’archétype de l’agent secret fortiche et insaisissable devient ici un boulet, un fardeau qui bouleverse littéralement la vie d’une bonne femme sympathique mais drôlement perturbée. D’une permière rencontre tout que fortuite, s’enchaîneront les rencontres entre celui qui semble être un fuyard dangereux et la belle innocente, s’il en est. D’une première ballade en avion pleine d’inventivité à une poursuite sur l’autoroute, jamais le public ne sera blasé par les va et vient d’un certain Tom Cruise, jubilatoire en extra-terrestre de l’action là où l’on ne l’attend pas. C’est finalement lorsque les destins des deux personnages sont solidement liés que le film perd en intensité, en qualité et surtout en originalités. D’abord perplexe, ahurie devant l’attachement tout particulier de ce héros américain à son égard, la belle devient au final sa complice pour terminer le tout sur une note pas franchement aussi sympathique que le début du film.
James Mangold s’amuse donc comme un gamin à faire revêtir à Tom Cruise le costume de parodie de ce qu’il peut être en Ethan Hunt ou Jack Reacher, même si ce dernier vient plus tard. Cruise est ici un personnage mystérieux difficilement assimilable à un véritable héros de cinéma mais plutôt comme un professionnel dans sa branche qui bouleverse la vie d’une innocente citoyenne, tout de même bricoleuse de vieilles bagnoles et un tantinet garçon manquer, dans le fond mais absolument pas dans la forme. Quelques séquences comiques font mouche, à l’image du bikini, des sommeils forcés ou de l’explosion finale. Sans particularités propres à son cinéma, Mangold parvient à divertir habilement, c’est l’essentiel.
Finalement, Knight and Day verra son succès venir des deux comédiens principaux, deux stars américaines qui auront déjà travaillés ensemble mais qui portent ici l’intégralité du film sur leurs lourdes épaules. L’on imaginait mal Cruise ou Diaz faire un faux pas ici, tellement les rôles sont écrits pour eux, qu’il n’était pas envisageable de revivre un désastreux Kill and Kiss. Bref, deux grands comédiens qui s’amusent et qui amusent leurs publics, indéniablement une recette de marque à Hollywood, l’on comprend au vu du film pourquoi. Pas de mauvaise langue, le cinéma US bon enfant n’est finalement que très peu critiquable tant il dénote de la sympathie, pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un Blockbuster enivrant dévorant tout sur son passage. 14/20