Introduction :
Avant de commencer à prendre notre M16 pour défourailler de l’alien, prenons le temps de vous faire une brève présentation de Jonathan Liebesman.
Jeune réalisateur sud-africain de 34ans, il s’est avant tout fait remarquer grâce à son premier court-métrage « Genesis and Catastrophe » (vraiment bon et très intéressant, disponible sur Youtube). Il commence ensuite à faire ses premiers pas au cinéma avec le sympatoche Nuits de terreur sortie en 2003. Epaulé par Stan Winston aux SFX, le premier film de Liebesman cartonne. Il choisit donc de continuer sur la voie de la terreur, deux ans plus tard en réalisant un court-métrage pour la franchise The Ring. En 2007, il prend la relève de Marcus Nispel à la tête du reboot de la franchise Massacre à la tronçonneuse épaulé cette fois de Michael Bay à la production. Deuxième réussite pour le Sud-Africain, qui réalise une belle performance. Deux ans plus tard (décidément, c’est son rythme de croisière) il s’attaque au thriller politique en choisissant de placer Chloë Sevigny dans un huis-clos avec The Killing Room : un projet passé complètement inaperçu pour le coup, car sortie chez nous en directo-vidéo, The Killing room rafle tout de même 4 nominations au festival de Deauville ! Une incompréhension totale pour son meilleur projet, car bourré de bonne idées, avec une vraie réflexion sur la politique américaine qui fait froid dans le dos.
Un bilan plus que positif dans l’ensemble, même s’il faut avouer que Liebesman n’a pas vraiment de « patte ». Le jeune réalisateur signe des réalisations propres et carrées, mais toujours en empruntant par-ci par-là, ce qui ce fait de mieux sur le moment. Un authentique « yes-man » comme on dit dans le jargon.
Invasion :
Il faut le dire d’emblée, Battle LA n’est qu’un défouloir. C’est bien simple, pendant presque plus d’une heure, ça explose de partout sans arrêt à tel point que la générosité du réalisateur en terme d’action puisse probablement devenir indigeste pour certains. Oublier les merveilleuses notes symphoniques de la musique de Johann Johannsson qui accompagnait la bande-annonce. Véritable film de guerre, Battle LA ne fait part d’aucune finesse et ne laisse place à aucune réflexion tant sur le fond que sur la mince psychologie des personnages. C’est cruellement dommageable, car en évitant justement de raconter son histoire du point de vue des « civils » comme l’avait fait Roland Emmerich dans ID4, Liebesman prend le contre-pied en choisissant de centrer son récit uniquement à travers une poignée de soldats du régiment de Pendleton. Les premières minutes nous laisses présager une espèce de mixture entre La chute du Faucon noir pour la caractérisation, le quotidien et la mentalité parfaitement bien décris par Ridley Scott des soldats américains et District 9, ID4 où encore Cloverfield pour le côté « invasion » extraterrestre. Pas grand-chose à l’arrivé, Liebesman choisit délibérément de noyer cette bonne idée de départ en ce concentrant uniquement sur son invasion et « L’évacuation » des civils par le Sgt Nantz. Interprété par Aaron Eckhart, le Sgt Nantz est la pierre angulaire de Battle LA. Le hic c’est que bien qu’il soit le personnage le plus développé, il reste beaucoup trop « générique » de la même manière que ses soldats qui l’accompagne ainsi que les civils. Bridget Moynahan et Michael Peña n’y peuvent pas grand-chose non plus pour nous amener un peu d’empathie au milieu du bourbier dans lequel ils se retrouvent.
Réalisation :
Battle LA est le plus gros projet de Liebesman, avec un budget avoisinant les 100 millions de dollar. Le jeune réalisateur s’en est donc donné à cœur joie, en dépeignant un LA littéralement éventré, pour ne pas dire saccagé. Les détails à l’écran sont légions et pratiquement à aucun moment les décors ne viennent trahir la qualité des SFX. Ayant été lui-même directeur d’effets spéciaux, le réalisateur prend le temps de soigner son bébé et offre des panoramas apocalyptiques très réussis ainsi que des séquences de guerres incisives, dures et pour certaines très fun. Les gamers seront ravis de ce retrouver parmi ces scènes qui leur rappelleront bon nombre de FPS tels que Battlefield, Crysis ou Resistance. Sur le plan technique, rien à dire ; cela dit, le montage ainsi que la réalisation complètement « caméra à l’épaule » de la première à la dernière minute deviennent vite pénible. Le chef monteur Christian Wagner responsable de certaines boulettes déjà commises sur The Island, nous assassine la rétine avec un montage épileptique et il n’est pas franchement aidé par certains excès de la part de son réalisateur. N’est pas Peter Berg où Greengrass qui veut, on sent bien que Liebesman ne fait que mimer ces techniques et n’en maitrise pas forcément tous les aspects. Côté sonore en revanche c’est du pain béni même si les élans symphoniques de Brian Tyler manquent de personnalité, le travail du son sur Battle LA est une franche réussite.
Conclusion :
En choisissant « d’emprunter » certaines techniques de réalisation chez ses collègues de profession, Liebesman signe avec Batlle LA un pur film de guérilla urbaine. N’attendez donc absolument rien d’autre. S’il est vrai que le métrage manque cruellement de profondeur il compense par sa générosité en terme de séquences d’action maitrisées ou le spectateur ce retrouve littéralement immergé avec ces soldats dans les rues dévastées d’un Los Angeles en flamme. Mais le problème majeur du film c’est évidemment les personnages. Ils sont aussi épais qu’une feuille de papier à cigarette et Liebesman n’arrange rien en nous dressant au milieu du film et avec une certaine maladresse la mentalité du « marines Américain », vantant leurs courages, leurs abnégations, leurs sens du devoir et du sacrifice …Bref tout cela manque cruellement de recul car en dehors des scènes d’action, le tout est emballé dans une sorte de manichéisme primaire qu’on imaginait pas une seule seconde aussi bateau lorsque l’on repense à la bande-annonce. C’est à ce moment précis que l’on ce demande si les monteurs de trailers ne devraient pas être récompensés tant cela reste un métier à part entière car franchement, plus on imagine à ce qu’aurait du être Battle LA plus cela en devient littéralement déchirant. Surtout évitez la comparaison avec District 9, le premier écrasant littéralement le second sur tous les fronts. Neil Blomkamp avait su donner une dimension historique et politique à son scénario tout en réussissant à ce faire plaisir avec ses petits 30 millions de dollars de budget.
Un projet trop large pour les épaules du jeune sud-africain. Le film n’est cependant pas désagréable pour qui sera venu chercher un bon défouloir sans prise de tête. Les références vidéoludiques sont bien présentes et certaines séquences, comme celles de l’autoroute ou la bataille de fin valent leurs pesants de cacahuètes. La fin du film fera sans doute rire les spectateurs qui auront su prendre cette entreprise au second degré, les autres seront probablement agacés, voir consternés par ce qu’aurait probablement du être Batlle LA à leurs yeux. Le genre de film qu’on imaginait réellement autrement, qui n’existera malheureusement que dans notre tête ou durant les 1min58 de la bande-annonce.
Par Vincent N.Van du groupe Madealone