Bien... Bien, bien, bien...
Cette oeuvre de Liebesman est sans nul doute l'archétype ultime du film sur lequel je peux sortir mon bon vieux "par où commencer ?" ... Par le scénario, je suppose, auquel j'ajouterais mes réactions au moment du visionnage encadrées par de joulies étoiles.
World Invasion : Battle Los Angeles (que j’appellerais à partir de maintenant "Battle LA") nous conte le récit d'une escouade d'US Marines plongé au cœur d'une invasion extra-terrestre d'envergure mondiale dans un Los Angeles ravagé. Cette escouade (les "2-5") reçoit pour mission d'exfiltrer un groupe de civils pris au piège dans un commissariat au delà de la ligne de défense ***Mais pourquoi y allez vous à pieds, alors que vous connaissez la position de votre cible, que le commandement vous a assuré que le ciel était sous le contrôle de l'US Air Force, pourquoi, au nom de la logique et de l'intelligence, n'avez-vous pas été héliportés sur place, alors que votre exfiltration se fera par hélicoptère ? Je ne sais pas qui organise les missions, mais il faut le virer au plus vite !***, et sont informés que l'Air Force a reçu pour ordre de raser la ville trois heures après la fin de la phrase du commandant ***Paye ta synchronisation de l'enfer, mec***. Après diverses péripéties (comprenez par péripéties "suite prévisible d'embuscades, de mitraillages, d'explosions, de morts de personnages secondaires et de renforts venus de nul part composés de rescapés d'autres unités"), les 2-5 arrivent sur place et trouvent cinq survivants : Deux adultes et trois enfants. Ils appellent la base, demandent l'exfiltration, et attendent l'hélicoptère ***Pas le coup du crash, pas le coup du crash*** qui se fait descendre par un aéronef hostile peu après avoir redécollé avec les blessés de l'escouade 2-5 à son bord ***Non, mais sérieux, les mecs...***. Les survivants se retrouvent bloqués et tentent de rejoindre la base en prenant un bus. Ils se font décimer sur le chemin du retour, le chef d'escouade meurt en se faisant sauter au milieu des aliens en criant "hourra" ***J'ai ressentit un grand bouleversement dans la force*** après avoir donné le commandement à son second ***Et maintenant, toute l'équipe du film est fière de vous présenter le coup classique du chef de section qui se sacrifie pour sauver ses hommes, avec le sergent qui refuse de l'abandonner jusqu'à ce que le chef dise le mot magique : c'est un ordre***. Le reste du petit groupe arrive enfin à la base qui a été détruite ***Ah ben ça, pour une surprise...***, découvrent une carte sur laquelle est indiquée un point d'exfiltration, s'y rendent, se font rapatrier par hélicoptère, et c'est la fin.
Pas tout à fait en faite. Le sergent décide de descendre de l'hélicoptère pour faire une reconnaissance sur la zone parce qu'il pense que le QG ennemis qui contrôle les aéronefs se trouve sur place *** ET ALORS, MEC ? Qu'est-ce que tu compte faire ? Le détruire à toi tout seul ?***, son équipe le suis pour l'honneur et la gloire et tout ce petit monde part crapahuter en zone hostile ***Pourquoi ? Ce type à visiblement envie de crever. Pourquoi le suivre ? Merde ! Je déteste ce cliché de l'unité qui refuse d'abandonner son chef, mais là, ça dépasse l'entendement ! Moins d'une heure plus tôt, vous ne pouviez pas l'encadrer, alors pourquoi... Oh et puis merde, film. A partir de maintenant, tu fais ce que tu veux, je te regarde te planter lamentablement sans broncher***.
Bref, dénouement ultra-prévisible, pan-pan-boum-boum-explosions-mort-héroïsme-à-deux-francs les gentils gagnent, les méchants perde, blablabla c'est ultra-convenu, fin. Ouf. Mon Dieu, que c'était mauvais.
Le premier mauvais point qui viens vous gerber au visage réside dans la structure narrative qui est fade et sans la moindre originalité. L'escouade piégée derrière les lignes ennemis qui va aller au bout d'elle-même pour survivre et qui va finalement refuser de s'exfiltrer au dernier moment pour remplir une mission importante que personne ne leur a donné, c'est un schéma de scénario qu'on a déjà vu des centaines de fois dans des centaines de films. Et, sachant qu'il est de plus en plus difficile d'écrire des histoires originales, je n'ai aucun problème avec ça, tant qu'on essaye de surprendre un minimum le spectateur. Juste un minimum ! Mais là, non. Le film se contente de suivre une histoire ultra-prévisible, les problématiques arrivent en fanfare, et au bout de quinze minutes, lorsque vous avez compris le procédé, le film se spoil de lui-même. C'est dommage, d'autan que certains points d'intrigues auraient pu être intéressant si ils avaient été mieux amenés et un poil plus développés (comme le fait que l'escouade compte dans ses rangs le frère d'un soldat mort sous les ordres du sergent). Alors apprenez, cinéastes en herbes, qu'il ne suffit pas de prendre un scénario de film de guerre standard et de remplacer les vietnamiens, les talibans ou les nazis par des extra-terrestres pour en faire une oeuvre novatrice.
Le deuxième mauvais point tiens en un mot : cliché. Ces deux heures de film sont gavées à ras-bord de cliché plus insupportables les uns que les autres, et seul le cri de Wilhelm en est absent (et pourtant, je l'ai attendu).
Troisième mauvais point : Les personnages. En fait, ce sont plus des stéréotypes que des personnages. On a le droit au chef d'escouade qui n'a comme seul et unique but de ramener ses hommes en vie, au jeune rookie apeuré, au soldat garçon manqué joué par Michelle Rodriguez (pourquoi est-ce que ça tombe toujours sur toi, Michelle ? Je t'adore comme actrice, mais pourquoi tu me donne toujours des raisons de hurler ?), au vétéran aguerrie qui a perdu beaucoup de camarades au feu et qui ne souris jamais tant il est renfrogné dans son passé merdique dont on nous parle pendant tous le film sans jamais s'attarder réellement dessus jusqu'au deux tiers du film, à un moment où le spectateur lambda a abandonné l'idée de connaitre un peu mieux les personnages (sans déc', Aaron ! Ne me dis pas que tu ne l'a pas senti venir, le coup foireux.), etc... De plus, aucun des personnage n'est attachant, et seul les têtes d'affiche comme Michelle ou Eckhart vous aident à vous y retrouver. Après une heure et demi de film, je ne connaissait toujours pas les noms des mecs qui crevaient à l'écran, alors que j'avais suivis leur périple pendant près de 90 minutes, et le fait qu'aucun personnage ne soit réellement développé nuit à l'immersion. A mon avis, le principale problème viens du fait que l'équipe de production à essayé de traiter chaque personnage secondaire équitablement, et, excusez-moi, mais cette idée au demeurant fort intéressante a été maniée avec la maladresse d'un bébé éléphanteau avec des gants de boxe greffés à chaque patte. La caméra doit s'attarder sur les personnages auxquels le cinéaste souhaite accorder de l'importance, et c'est sur eux que doit se baser l'affection du spectateur. Ce sont ces personnages qui doivent devenir centraux, et c'est leurs émotions, leurs objectifs, leurs doutes qui doivent être traitées et exploités par le réalisateur. Et si ce dernier a pour but d'offrir une place équitable à chaque personnage, le traitement des-dits personnages deviens très difficile a effectuer. En exemple, on pourrait citer Pulp Fiction de Tarentino comme un cas d'école : Le film déborde de personnages principaux, et le film aurait pu en devenir chaotique et incompréhensible. Sauf que la caméra s’intéresse à chacun d'entre eux par étape. Chaque scène peut être vue comme un court métrage centré exclusivement sur un ou deux personnages. "Pumpkin" et Honey Bunny" pour la première scène, Jules et Vincent pour la suivante, Mia et Vincent pour la prochaine etc... Et dans chacune de ces scène, des personnages absents sont cité très intelligemment, ce qui fait que lorsqu'ils arrivent à l'écran, on a déjà l'impression de les connaitre. D'autres ont une place bien définie et ne viennent qu'à des moments bien précis et choisis avec soins. Ainsi, Quentin "Genius" Tarentino a pu caser un grand nombre de personnages principaux sans perdre le lecteur et sans que l'histoire ne devienne confuse. Centrer la caméra sur deux ou trois protagonistes, cela peut sembler basique, voir élémentaire, mais apparemment pas dans Battle LA. Ici, on ne ressent aucune empathie pour aucun des personnages (principaux ou secondaires), et donc, aucune émotion lorsqu'ils viennent se faire trucider, aussi poignante soit la scène de leur mort.
Quatrième mauvais point : Les dialogues. L'écriture est un point qu'il aurait fallu peaufiner bien d'avantage. Mélange de philosophie sans réflexion, de déclamations sans poésie, de discours qui se veulent émouvant, de blagues pas drôles et de WTF quasi-permanent, le texte des acteurs est plat. Plat au point qu'ils ont même réussi à rendre Michelle Rodriguez transparente et aseptisée. Ils ont réussit à rendre Michelle putain de Rodriguez transparente et aseptisée ! A ce niveau là, c'est presque un exploit et le film vaut la peine d'être vu juste pour ça : Si vous pensiez que peu importe le rôle, Michelle sera toujours "badass", regardez Battle LA et étouffez-vous avec vous larmes.
Un seul bon point à soulever : les effets spéciaux plutôt bien rendus, et le cadrage lisse (un peu trop mais bon, on est plus à ça près) malgré une "shaky cam" sous cocaïne. Et c'est bien dommage, parce qu'avec un budget moitié plus faible, on se serait sans doute retrouvé avec un nanar aux proportions dantesques, et le film en serait devenu hilarant. Mais là, non. C'est juste long, long, long et sans intérêt.
Enfin, je finirais cette critique par un petit conseil : si vous êtes fans de films de guerre, ne vous arrêtez pas aux œuvres surcuté dopées à la testostérone hollywoodienne. Le cinéma regorge d’œuvres sincères, touchantes, poignantes ou juste divertissantes sur un thème aussi dramatique que la guerre : La ligne rouge, Les sentiers de la gloire, Il faut sauver le soldat Ryan, Les fragments d'antonin, Un long dimanche de fiançailles, La bataille de Passchendael... Et si vous souhaitez un schéma narratif similaire à Battle LA mais en mieux, il y a La chute du faucon noir. Très américain, certes, très cliché, c'est vrais, mais bien mieux filmé, bien mieux monté et bien mieux écrit que cette daube que je viens de regarder.