Anne Le Ny semble adorer les histoires d'amour particulières et compliquées : dans Ceux qui restent par exemple, sorti en 2007, la réalisatrice avait mis en scène la rencontre et les sentiments naissants entre deux personnes passant la majorité de leur temps à l'hôpital, pour rester aux côtés de leur conjoint mourant...
Anne Le Ny revient sur la genèse du projet : "Il s'est passé dans ma famille, il y a quelques années, une histoire similaire, que j'avais suivie de loin et avec une certaine perplexité. Je ne comprenais pas très bien comment mes cousins, des adultes, pouvaient être bouleversés à ce point par les frasques d'un père âgé dont ils étaient, a priori, émancipés depuis longtemps. C'est à la mort de mon propre père, que j'ai enfin compris de quoi ils avaient été privés : il n'y a pas d'âge pour éprouver le désamour d'un parent. Je me suis donc intéressée de plus près à cette histoire de famille et à tout l'aspect symbolique de la transmission et de l'héritage."
Anne Le Ny commente le choix de certains des comédiens du film : "Karin Viard et Fabrice Luchini (...) possèdent également tous les deux un côté virtuose, qui n'est pas ce qui m'intéresse le plus chez les comédiens en général, mais qui permettait dans leur cas, d'aller le plus possible vers la sincérité et l'émotion tout en gardant la possibilité de changer de registre d'une seconde à l'autre pour repasser dans la comédie. Sauf qu'évidemment, ils ouvrent un tel champ de possibles à chaque prise qu'au bout d'un moment mes exigences n'ont pratiquement plus de limites..."
La réalisatrice soutient l'idée qu'il n'y a, dans son film, ni bons, ni méchants, et c'est justement cette idée qui l'intéresse : "J'ai un jugement sur l'acte qui est commis, la dénonciation, mais j'essaie, dans ma manière de filmer de ne pas en avoir sur mes personnages. Je trouve que, plus que l'écriture ou le jeu des acteurs, c'est la distance à laquelle on place la caméra qui définit vraiment l'intention d'un film (...) Au cinéma, je n'aime pas beaucoup voir des scènes où je sens trop nettement que le réalisateur me dit : là c'est tel personnage qui a raison, là il a tort. Personnellement, je ne me sens aucune mission pédagogique, j'ai plutôt envie au contraire, de partager mes doutes et mes interrogations. Ce qui ne veut pas dire que je suis neutre, puisque, la manière de poser une question contient forcément en soi un point de vue. Mais je n'ai pas l'impression d'en savoir plus, sur le sujet, que le public."
"C'est une figure héroïque, une très forte personnalité qui met en oeuvre ses convictions. Tous les membres de la famille se définissent forcément par rapport à lui, que ce soit dans l'adoration, comme Babette ou dans l'opposition, comme Arnaud. Aussi, quand la statue paternelle révèle soudain ses fissures, personne, chez les Paumelle ne peut éviter de se confronter à ses propres contradictions. Ce que j'aime dans le personnage de Lucien, c'est que ce qu'il perd en respectabilité, il le regagne aussitôt en humanité. Bien sûr, vu la situation, son amour pour Tatiana ressemble fort à de l'abus de pouvoir ou du harcèlement sexuel, mais en même temps, tomber amoureux fou à 80 ans, est-ce que ce ne serait pas la plus belle forme d'héroïsme que l'on puisse imaginer ?
Karin Viard et Fabrice Luchini avaient déjà tourné ensemble dans Riens du tout et Paris, deux films réalisés par Cédric Klapisch. De même, la comédienne Valérie Benguigui retrouve ici Karin Viard pour la quatrième fois, après Baby Blues, Le Rôle de sa vie et Mes amis. Quant à Michel Aumont, il avait déjà travaillé avec Fabrice Luchini dans Beaumarchais, l'insolent et avec Valérie Benguigui dans La Sainte Victoire et le téléfilm Le bonheur est un mensonge.
Les Invités de mon père a été tourné à Paris et en Bretagne.