Le nouveau film de Anne Le Ny après son premier film assez bien réussi : Ceux qui restent, parle donc d’un sujet sensible en confirmant son attachement pour les histoires d’amour complexe, le tout sur vague d’un sujet d’actualité qui reste tout de même assez tabou. Ainsi la réalisatrice montre un film qui au même titre que Welcome se préoccupe de l’air du temps, des mœurs et pratiques pratiqués par de nombreux français. Il est vrai que détourné un sujet d’actualité tout de même assez sensible à des fins de sujets de comédie ne présagent rien de bons, menaçant le sujet en question, rien qu’à regarder Agathe Cléry pour s’en persuader.
Les invités de mon père parle donc d’un patriarche, médecin de renommé qui décide d’héberger deux clandestines et se marie avec une pour les commodités. Le film rappelle le théâtre dans sa construction scénaristique et sur la mise en scène jouant assez souvent dans le hors champ, de voir les mines des bourgeois qui à l’annonce de la nouvelle pense à une branche terroriste venu installer un atelier ou à un groupe de sénégalais…. Mais à ce stade peut-on parler de comédie ? Il est clair qu’au début on rit de la situation, surtout quand on voit ce qui se passe mais au fil de l’histoire, on déchante très vite en se mettant à douter des intentions de Tatiana, surtout quand il est question de vol et la réalisatrice laisserait planer durant une bonne partie du film le doute, laissant ainsi les acteurs et les spectateurs avec une histoire toujours plus sordide qui ne peut que nous surprendre à chaque nouvelle scène. Le film bien que nous montrant un sujet d’actualité tout de même assez peu connu, montre aussi trois personnes dont le patriarche qui au fil du film se sent partir, sa fille coincée par tout ce qu’elle a accomplie jusqu'à maintenant commence à se lâcher, le fils qui s’aperçoit qu’il est tout le contraire de son idéal, bref des leçons à ce sujet dont le cinéma en propose à foison, que ce soit avec Denis Arcand ou Woody Allen, Anne Le Ny arrive à jouer sur ces deux styles bien particuliers pour donner un bon résultat au final. Alors qu’au premier abord on pensait que le film avait des faux airs de ce du tandem Jaoui-Bacri, si ce n’est qu’il n’est question ici d’aucune morale ou encore de prise de position sur tel ou tel comportement, l’histoire utilisée ici permet de mettre mieux à nue les contradictions et comportements de la famille en question, qui au début du film se montre très unie (Luchini et Viard sont excellents dans leur propre rôle de frère et sœur) et au fil de l’histoire on voit les dommages collatéraux qu’une telle union peut apporter, l’idée de la réalisatrice étant de pousser loin de la situation de départ pour se retrouver dans une sorte de laboratoire permettant d’étudier le comportement des humains qui finissent pas se cogner dessus à tout bout de champ. Anne Le Ny arrive donc à transander le tout via des dialogues savoureux et des mises en situation bien amenés, permettant de passer d’une situation dramatique à une plus comique et ce dans une même scène (plusieurs réalisateurs devraient prendre exemple) et on apprécie que de temps en temps le spectateur se retrouve dans une spirale avec des interrogations qui laisse un doute durant une bonne période, c’est un peu ce que l’on cherche quand on regarde des films de ce genre et la réalisatrice ne cherche jamais à apporter des simples réponses qui conviendraient à moitié. Il est vrai que la fin pourra déboussoler ou ne pas convenir à tout le monde, peut-être aurait-elle méritée quelque chose de plus subtile et moins ouverte, mais quoi qu’il en soit, cela reste en totale adéquation avec le reste du film. Le film est porté par un casting 4 étoiles que l’on apprécie que ce soit dans le jeu de Viard ou de Luchini, on se régale tant ils sont absolument géniaux et Michel Aumont est tout aussi excellent.
On ne sort pas indemne de la salle, en se demandant ce que nous aurions fait à la place des personnages dans ce genre de situation de peur aussi de voir imploser d’ancienne tension familiale qui en moment de trouble-fête, risque de faire des ravages. Le regard qu’interroge la réalisatrice dans son film, le regard individuelle, subjectif …le spectateur se retrouve au milieu de tout cela étant déboussolé, mais comme dit plus haut, cela ne fait pas de mal de temps en temps. Il est vrai que l’on peut s’interroger sur le côté comique du film et ce malgré les différents dialogue bien piquants. On remarquer aussi que Luchini n’en fait pas trop, dommage bien que l’on comprend que le contexte du film et son métier voulant ça. Vivement le prochain film de Anne Le Ny.
critique sur:cthiboy.blogs.allocine.fr