On savait depuis longtemps qu'Anne Le Ny était une des meilleures comédiennes de l'hexagone. Après "Ceux qui restent", il y a 3 ans, et, aujourd'hui, "les invités de mon père", on peut être sûr qu'elle fait d'ores et déjà partie des meilleurs réalisateurs du cinéma français. En effet, ce film réunit tous les ingrédients qui font les très, très bons films. Tout d'abord, un scénario écrit avec Luc Béraud et qui décrit avec finesse, avec un mélange sucré-salé de tendresse et de cruauté, une famille parisienne qui, petit à petit, perd les pédales, lorsque le patriarche, ancien résistant, ancien médecin qui s'est battu pour la légalisation de l'avortement et, tout naturellement, ardent défenseur des sans-papier, fait un mariage blanc pour aider une réfugiée moldave et sa fille. Ce scénario n'épargne personne et, en même temps, nous met dans la peau de chacun des personnages et nous fait comprendre leurs motivations quasiment de l'intérieur. Beau tour de force ! La mise en scène est fluide et ne demande guère d'autre commentaire. On pourra juste trouver que les transitions d'une scène à l'autre sont parfois un peu abruptes mais ce n'est jamais vraiment gênant. Quant à la direction d'acteur, elle est au top niveau, ce qui nous donne un Michel Aumont égal à lui-même, c'est-à-dire excellentissime, un Fabrice Luchini revenu à son meilleur niveau, une Valérie Benguigui excellente et même une Karin Viard bien meilleure que d'habitude et même excellente dans certaines scènes. On notera que, dans ce film qui n'est pas censé être une comédie, j'ai dû rire 10 fois plus que dans "l'arnacoeur" qui est censée en être une (10 fois 1, ça fait 10 !). Et on ne manquera pas de clamer que la musique de Béatrice Thiriet est à la fois très discrète et inoubliable par sa qualité. Un très, très bon film, je vous disais !