Basé directement sur le roman de Charles Portis, son célèbre roman est porté une nouvelle fois à l'écran par les frères Coen. Adapté une première fois avec John Wayne (qui reçut le seul oscar de sa carrière !)) et Kim Darby, le classique d'Hathaway bénéficie d'une relecture astucieuse au niveau scénario. "True grit" ou mon avant-dernier western estival. Enfin !
Histoire : une jeune fille de 14 ans, dont le père a été assassiné, se met en tête d'assouvir sa vengeance en compagnie d'un marshal ivrogne et d'un texas ranger.
La relecture ne se fait pas tant sur le scénario en lui-même mais plutôt sur un humour, ce fameux ton décalé des frères Coen. Par exemple, le bandeau que porte Jeff Bridges est monté à l'envers par rapport au film originel tenu par le Duke. Egalement, lorsque Hailee Steinfeld sort de l'eau après avoir traversé le fleuve (jour de tournage par ailleurs éprouvant pour l'équipe chargée de cette scène), la jeune fille est sèche instantanément (!). Ces petits détails prouvent que les frangins réalisateurs se sont mis à leur aise en dégainant ce western que je considèré aujourd'hui de facture classique.
Car oui, le script étant connu de tous (ceux qui ont lu Portis, vu Hathaway ou fans de western), les metteurs en scène de "O'brother" contribuent à teinter ce métrage d'une ode à la mort et à l'amour. Ode à la mort dans le sens où les légendaires figures de l'Ouest sont défigurées, n'existent plus ou n'ont jamais existé. Dans ce sens, Jeff Bridges ("Le canardeur", "The big lebowski") livre une interprétation dense et complète : son jeu, tout en retenue, vaut à lui seul le détour. Jeff défigure ainsi l'Ouest dans toute sa grandeur et une décadence sublime. Super !! Il s'agit également d'une balade funèbre en raison des thèmes brassés (vengeance, haine, mort) par les réalisateurs de "Ladykillers", le final en apportant l'apothéose (magnifique séquence baignée dans la brume, éléctrique au possible). "True grit", c'est aussi un appel à l'amour, à la vie et au respect. Le trio formé par Bridges-Damon-Steinfeld penche de ce côté (et du fameux code d'honneur des cowboys !) et contre-balance avec l'idée précédente. On peut ainsi dire qu'il s'agit d'un western équilibré et que les réalisateurs de "Sang pour sang" offrent un spectacle de qualité (le Bafta de la meilleure photographie glânée par Roger Deakins ("Les évadés", c'est lui !) ne dira pas le contraire étant donné le travail apporté à la magnificence des paysages) tant au niveau scénaristique, photographique que de la mise en scène (certes classique mais épurée).
On ressort finalement de "True grit" avec un sentiment coupable car l'on retient du casting seulement Jeff Bridges et Hailee Steinfeld, justement découverte par les frères Coen pour son étonnante roublardise. Depuis "True grit", elle a joué avec Harrison Ford, Keira Knightley, Kevin Costner, Tommy Lee Jones... . "True grit", c'est la présence remarquée au générique de Matt Damon, Josh Brolin et Barry Pepper ("Trois enterrements") mais non mis en valeur par le tandem derrière la caméra. Dommage.
Pour conclure, "True grit"(2011) ne révolutionne pas le genre mais reste un western électrique mitonné par le savoir-faire de deux réalisateurs hors paire : Joel & Ethan Coen.
Accord parental souhaitable.
Spectateurs en manque de chevauchées, ...prenez le triple galop !
A noter : le producteur délégué n'est autre que le réalisateur de "Minority report" !!