The Assassin est présenté en Compétition Officielle au Festival de Cannes 2015. Le film repart avec le Prix de la mise en scène.
L'action de The Assassin se déroule en Chine durant le 9ème siècle sous le règne de la dynastie des empereurs Tang (618-907). Le film est inspiré d'un chuanqi, une courte nouvelle intitulé Nie Yinniang. Ce format était très répandu à l'époque à travers l'art romanesque.
C'est la troisième fois qu'Hou Hsiao-Hsien dirige la comédienne Shu Qi après Millennium Mambo en 2001 et Three Times en 2005. Chang Chen travaille quant à lui pour la seconde fois avec le cinéaste après Three Times, film dans lequel il donnait déjà la réplique à Shu Qi.
Le réalisateur Hou Hsiao-Hsien s'est beaucoup documenté sur l'époque en lisant notamment de nombreuses annales et chroniques historiques. Le cinéaste tenait à ce que le moindre détail paraisse réaliste et authentique, des costumes à la manière dont les gens mangeaient.
Un conte célèbre en Chine se retrouve dans The Assassin, il s'agit de L'oiseau bleu et du miroir. Ce récit est tellement ancré dans la culture populaire du pays que les mots chinois miroir et oiseau sont devenus synonymes.
Bien que The Assassin soit un film d'action comprenant plusieurs scènes de combat, Hou Hsiao-Hsien préfère qu'on ne le compare pas à un simple film de kung fu. En effet, le cinéaste revendique plutôt l'influence des films japonais de samouraï comme ceux d'Akira Kurosawa que celle des films de sabre chinois avec des guerriers qui volent dans les airs : "D’un point de vue réaliste qui tient à mon tempérament. Les guerriers qui volent dans les airs, qui font des pirouettes au plafond, ce n’est pas tout à fait mon style, je ne suis pas fait pour ça et j’en serais incapable. Mon style, c’est de rester sur terre. Les scènes de voltige dans The Assassin sont comme des citations de ces films de genre mais certainement pas le fond de l’intrigue", explique le metteur en scène.
La comédienne principale de The Assassin, Shu Qi, s'est tellement investie dans son rôle qu'elle n'a pas hésité à payer de sa personne. En effet, compte tenu des nombreuses scènes de combat présentes dans le film, la comédienne repartait couvertes de bleus à la fin de chaque jour de tournage de ce genre de scènes.
Le réalisateur Hou Hsiao-Hsien n'a inclus aucun gros plan dans The Assassin, privilégiant les cadres plus larges et les plans-séquences : "J’affectionne les longs plans-séquences qui englobent l’arrière-plan
des personnages, le contexte des objets qui les entourent, voire les paysages. Un long plan-séquence permet d’aller plus loin, toujours plus loin. Capter l’ensemble des choses en une seule fois. Je n’aime pas les effets de montage qui théâtralisent l’action, qui, physiquement, hachent le mouvement", affirme le cinéaste.
Les extérieurs de The Assassin ont été tournés en décors réels en Mongolie intérieure et dans la province de Hubei, en Chine. Hou Hsiao-Hsien a été fasciné par ces paysages magnifiques de forêts et de lacs. Les paysans vivants dans ces contrées et présents dans le film sont d'ailleurs de vrais paysans qui ne changeaient rien à leur manière de vivre lorsque le cinéaste filmait ses scènes. Ils ont même été une source d'inspiration pour le metteur en scène.
Sur le plateau, Hou Hsiao-Hsien préfère laisser les acteurs s'approprier eux-mêmes les scènes, c'est pour cette raison qu'il n'est pas un metteur en scène qui dirige de manière trop stricte ses comédiens : "je ne suis pas un cinéaste qui dirige ses acteurs de trop près, en les touchant ou en leur chuchotant des trucs à l’oreille. Bien sûr, ils ont lu le scénario mais après, concrètement, sur le tournage, je les laisse faire, je les
laisse filer. C’est peut-être une question d’éducation, de politesse, de tact. Je ne m’approche pas trop près de leurs corps, de leurs visages. Pour ne pas les perturber dans ce qu’ils apportent d’eux mêmes aux personnages. Mon travail consiste à recevoir ce qui arrive dans une scène et de capter, si possible, le meilleur", analyse le réalisateur.
De nombreux personnages féminins sont présents dans The Assassin : je suis toujours du côté des femmes. Leur monde, leur psychée, me paraissent nettement plus intéressantes que ceux des hommes.
Les femmes ont une sensibilité et une complexité mentale, un rapport au réel qui me semble plus intrigant. Disons que les femmes ont des sentiments sophistiqués et très excitants alors que les hommes ont des idées raisonnables plutôt ennuyeuses, explique Hou Hsiao-Hsien.