Si vous allez voir The Assassin, laissez votre esprit cartésien au vestiaire, vous risqueriez de vous perdre.
Trouvez tout ce qu'il y a de plus asiatique au fond de vous. Allez dîner, avant, de nouilles sautées, lancez des pétards dans la rue, sortez votre cerf-volant. Ah, n'oubliez pas un flacon d'alcool de riz.
Lisez quelques poèmes Tang. Ces poèmes dont pas deux traducteurs parmi des dizaines ne nous offrent la même logique. On vous confie l'image d'un reflet de pleine lune sur un lac, le croassement d'une grenouille, quelques indices encore et ingrédients, qui feront naître ici votre solitude, là votre sentiment accueillant le grand âge ou la nostalgie de votre pays natal que vous n'avez pourtant pas quitté.
Ce n'est pas vrai qu'il n'y a rien à comprendre dans The Assassin. Dans comprendre, pensez d’abord à prendre.
Quand vous admirez une étendue d'eau semée d'îlots, est-il nécessaire de savoir où, sous la surface, ils se rejoignent pour embrasser le paysage?
The Assassin est un pas japonais, ces lignes sinueuses et ponctuées de grandes pierres plates espacées, qui n'ont aucun lien entre elles je veux dire, mais qui vous conduisent jusqu'au bout du chemin.
Vous suivrez le destin de YinNiang, croisant le long du film, une princesse, un empereur, quelques conseillers militaires, une nonne, un oiseau bleu, deux pièces de jade jumelles, une concubine, un masque en or, des enfants princiers, un mage, un polisseur de miroirs, un criquet... Et le vent.
YinNiang commence sa vie d'adulte en tenant d'une main un poignard et son incroyable virtuosité au combat héritée de sa tante, de l'autre un anneau de jade et la fidélité au projet pacifiste que sa mère lui a confié.
Lourds fardeaux. Mais la petite saura orienter son destin.