Car si les Etats Unis sont friands de ce genre, il faut bien reconnaître qu’on y rencontre du bon et du moins bon. S’il est bien sûr question d’amour (contrarié) dans Trop loin pour toi, c’est parce que l’entrée dans l’âge adulte passe par-là, entre-autres. Mais cette étape passe aussi par la recherche d’un emploi stable, par celle d’un logement adapté et enfin par le besoin de maintenir des relations amicales durables. Tous ces éléments forment un tout. Ils sont tous évoqués dans le film de Nanette Burstein, avec pour fil conducteur la difficulté d’aimer à distance. Dans la veine humoristique, difficile de rapprocher le film à un sous-genre précis, que l’on se situe du côté visuel des comédies des frères Bob et Peter Farrelly, du goût pour les dialogues, à la fois crus et réalistes, de Judd Apatow, ou encore du sens du délire et de l’inattendu de Todd Philips. Si l’on devait à tout prix se risquer à faire une comparaison, ce serait du côté de l’univers Apatow que nos regards se tourneraient. Car Nanette Burstein cherche elle aussi à faire rire tout en s’interrogeant sur le parcours parsemé d’embûches de trentenaires installés en milieu urbain.
A New York, à l’occasion d’une soirée entre potes, Garrett va faire la connaissance d’Erin. Malgré un passé amoureux qui présente certaines similitudes (il ne leur a pas laissé que de bons souvenirs), le courant passe bien. Le coup de foudre sera presque immédiat, le couple se laissera vite emporter par un agréable sentiment de bien-être. Leur relation est basée sur l’honnêteté, car très vite les cartes sont dévoilées. Chacun sait que six semaines plus tard Erin devra rejoindre la Côte Ouest, afin de terminer des études de journalisme déjà interrompues à San Francisco. Ce qui ne les empêchera pas de profiter de chaque moment passé ensemble au maximum, sans se soucier de la séparation, pourtant inéluctable. Car Garrett travaille pour un label musical implanté dans la Grosse Pomme ; son emploi est stable, et au départ il n’envisage donc pas partir de l’autre côté du continent. Et Erin a déjà mis son avenir professionnel entre parenthèses pour suivre une affaire de cœur par le passé, et ses espoirs furent bien vite déçus. Le souvenir, encore douloureux, la pousse à n’envisager les événements qu’à court et moyen terme. C’est donc à six semaines sans nuages que le nouveau couple va pouvoir se consacrer, avec peut-être une entente plus profonde qu’ils ne le pensaient au départ.
D’entrée de jeu, certains aspects du film concourent à le rendre sympathique. Il y a d’abord un duo de comédiens, qui n’en rajoute pas dans le glamour artificiel. Justin Long (cf. Jeepers Creepers de Victor Salva, Die Hard 4, Retour en enfer de Len Wiseman et Jusqu’en enfer de Sam Raimi sont ses interprétations les plus marquantes) et Drew Barrymore, que l’on peut se permettre de ne pas présenter, tant sa filmographie s’est étoffée depuis le film de Ken Russell, Au-delà du réel, il y a une trentaine d’années. La complicité des deux acteurs est manifeste, peut-être d’autant plus facile à exprimer qu’ils forment un vrai couple à la ville. C’est avec naturel qu’ils se lancent dans les scènes les plus réussies du film, aidés par une fine équipe, celle des seconds rôles. Les plus marquants, au nombre de trois, viennent matérialiser le contrepoids à la normalité envahissante qui se dégage du gentil couple (ce qui ne veut pas dire inintéressant).
Il y a d’abord la sœur d’Erin, Corinne, maniaque de la propreté et petite boule de nerfs, difficile à cerner. Dans son rôle, la comédienne Christina Applegate s’est régalée à composer un personnage a priori psycho-rigide, et pourtant pas aussi prévisible que cela. Au détour de quelques scènes la comédienne a créé un être humain comme on les aime bien, à la fois touchant et consternant. Si Erin n’est pas seule, Garrett est lui aussi bien entouré. A ses côtés, ses fidèles amis, Box le moustachu et Dan l’ineffable. Comme le veut l’usage, les deux compères ont parfois les meilleures répliques. Il faut dire qu’ils ont été créés aux petits oignons ! Rien ne leur manque, ils disposent de toute la panoplie ! Entre les théories spatio-temporelles de Box et l’absence de pudeur de Dan, Garrett ne court pas le risque de s’ennuyer, et encore moins de perdre pied avec la réalité (d’ailleurs pas si dure que cela).
Mais le capital sympathie dégagé par Trop loin pour toi ne s’arrête pas à sa distribution des rôles. Le film est truffé de clins d’œil, qu’il s’agisse de renvois au monde du Septième Art ou à celui de la musique. Les années 80 et 90 sont à l’honneur, les références à Top Gun le disputant à celles aux Accusés, Dirty Dancing, ou encore Les Evadés (Justin Long se lance dans une imitation plutôt réussie du personnage interprété par Morgan Freeman).
Nanette Burstein a, pour cette fois, filmé ses personnages au plus près. Plus habituée à réaliser des documentaires, la réalisatrice n’a cependant pas éprouvé de grandes difficultés à décrire un petit cadre intimiste bien d