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Eowyn Cwper
124 abonnés
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1,0
Publiée le 19 avril 2020
Margarethe von Trotta est une réalisatrice au long cours, ce que Vision ne nous révèle absolument pas. Filmé au plus simple, le film se veut une biographie de Hildegard von Bingen mais saute d’un évènement à un autre dans des scènes habitées par des petits cubes d’émotions mal dégrossies qui finissent par en faire une œuvre totalement brute – presque autant que ses gros plans télévisuels ou ses décors découpés sans élégance entre deux murs médiévaux qui ont beaucoup plu aux créateurs lors du repérage.
Démontrant au moins par moments que l’abbesse était guidée par la confusion de ses vertus & de son ambition (du moins, c’est ce que la réalisatrice veut qu’on voie), le film ne montre pas vraiment d’amour pour le cinéma ; pour la musique, un peu, parfois. Dans ces instants mélomanes, on arrive à supporter que l’adversité subie par la religieuse soit aussi mal concrétisée au septième art que ses différents projets dans le scénario, lesquels ne la mettent pas en valeur comme une érudite mais juste comme une personne dispersée & confuse qui a connu la gloire par hasard. C’était peut-être le propos, mais il y avait cent façons plus agréables de le faire comprendre, tout comme des manières moins minérales de l’interpréter.
Cachant un peu de sa vocation sur le long terme, Vision arrive à force d’insistance à dresser un portrait d’arrogance & d’humilité ambigu qui était certainement voulu (comme la vérité sur Hildegard est perdue & se doit de ne pas être représentée) mais sans jamais sortir d’un regard beaucoup trop frontal & expressionniste ne convenant ni au film historique ni au thème de la religion – gros syndrome du téléfilm, encore une fois. C’est le genre de film qu’on verrait bien dans un musée : vous savez, ces clips qui passent en boucle. Avec von Trotta, c’est juste plus élaboré.
Quelques éléments de la vie de Hildegard von Bingen, religieuse bénédictine, puis abbesse d'un cloître qu'elle a créé. Le scénario nous montre une femme en butte avec les autorités religieuses, un monde d'hommes, de prêtres, qui voudront la dominer. C'est un beau film, très bien réalisé. Les décors sont les intérieurs des couvents et des églises. Tout se passe au milieu des religieuses. Un amour passion entre Hildegard et une religieuse pimente le scénario et semble un peu excessif. Malgré cela l'intérêt pour cette femme qui se bat pour ses idées et sa foi ne faiblit pas. Par contre le thème de création musicale attachée à cette personne n'apparaît pas dans le film, dommage. Film donc bien agréable à suivre, d'autant que ce n'est pas une fiction, mais se veut le récit d'une vie réelle et la description de la vie religieuse de l'époque semble réaliste.
Une vie de cloitre bien mise en scène et une présentation assez équilibrée de religieuses bénédictines : une est sainte, d'autres sont bonnes et d'autres mauvaises. Le film s'entame assez mal sur une caricature de la peur millénariste de la fin du monde alors qu'Hildegard est née vers 1098... Malheureusement, la foi et la piété de cette dame ne sont pas particulièrement bien retranscrits. Il y a de beaux passages, de beaux chants, mais il reste tout de même un sentiment de superficialité, d'une foi un peu absente qui se concentre sur la nature et la création. Je passe outre les erreurs sur les rites en Allemand, qui étaient en latin, certaines tenues, le fait qu'on coupait les cheveux aux sœurs, etc. et surtout l'accusation d'hérésie, lancée à tout va comme dans Le Nom de la Rose. Ce serait mon principal reproche pour un film qui traite d'un si beau thème : le film se situe entre la caricature fausse et malveillante comme dans Le Nom de la Rose et le film d'un fervent catholique qui souhaite raconter l'histoire d'une sainte pour toucher les hommes comme le Chant de Bernadette. Ici, on parle plus d'une femme extraordinaire qui fait preuve de force et de patience dans un environnement (évidemment) misogyne... Bien, mais aurait pu être magnifique.