Pour tous ceux qui considèrent encore Olivier Marchal comme un simple flic passé à la réalisation pour le plaisir, le visionnage des Lyonnais, sont quatrième film, risque d’être un vrai choc. Car n’en déplaise à certain, ce film, qui ressuscite les polars old school de la belle époque, fais passer Marchal dans la cours des très grand réalisateur français. Car s’il est claire que Marchal ne réinvente rien il s’approprie en revanche les code du genre et les figures imposées pour mieux les détourner et offrir un spectacle d’une générosité total à échelle humaine. Car ce qui frappe le plus à la vision des Lyonnais c’est de voir à quel point le réalisateur aime profondément ses personnages, figure fantasmatique du milieu criminel mais être humain complexe avant tout, ainsi que les acteurs qui les incarnes, gueule buriner comme on en fait plus et qui renvois indéniablement au Gabin, Ventura, Marvin et consort. Des gueules marqués par la vie qui donne au film une authenticité bouleversante. Filmé au plus prés des visages qui laisse transparaitre toute l’humanité et la douleur de ses protagonistes, économe en dialogue (les vieux de la vieilles ne parle pas pour ne rien dire) mais doté de réplique percutante Marchal et ses interprètes nous montre comme rarement avant lui des figures de gangster badass et grandiloquentes mais tiraillées entre des enjeux moreaux et personnel. Empruntant un style propre à Scorsese tout comme à Verneuil mais en se l’appropriant pour en tirer son œuvre la plus personnelle, Marchal arrive à développer des thématiques puissantes comme la famille, l’honneur, le poids du passer et j’en passe. Des thématiques que n’aurait pas reniées un certain John Woo adepte du code d’honneur des samouraïs que Marchal s’approprie pour la transposer dans un univers plus familier au spectateur français. Offrant de spectaculaire morceau de bravoure (l’attaque de l’hôpital) à la fois dynamique et percutant et finissant sur 30 minutes d’une intensité rare, les Lyonnais peux se targuer de redonner haut la main ses lettres de noblesse à un cinéma très seventies dans l’âme qui avait trop longtemps manqué aux cinéphiles. Et si on peut reprocher une trop courte durée au film (tout en sachant qu’il y a eu 23 versions du montage différent, ce qui ce ressent) comment faire la fine bouche devant une œuvre si humble, sincère et bouleversante. Effectivement le montage peux paraitre des fois trop brutal mais les nombreux flashes back qui montre la naissance du gang sont si captivant tout en apportant un vrai plus à l’histoire et ses personnages que ça serait chipoter que d’émettre des réserves sur la fluidité de celui-ci. D’autant plus que tout les comédiens sont excellent, du gang d’aujourd’hui avec Lanvin, Astier, Duval et Karyo à leurs homologues jeunes où en ressort la présence animal de Dimitri Storoge , parfait, qui arrive à traduire d’un simple regard tout le désespoir de sa vie. Une vie cassée par une erreur judiciaire qui le fera basculer à jamais dans une spirale infernale qui le fera devenir ce qu’il ne voulait pas. Car si le film prend des parties pris purement cinématographique pour raconter une histoire inventée de toute pièce, les personnages et leurs basculements psychologiques sont eux bien réel. Le gang des lyonnais a réellement exister et le personnage de Momon interpréter magistralement par Gérard Lanvin a effectivement passer 6 mois en taule dans sa jeunesse pour un simple vole de cerise un soir où il était bourré. Une décision judiciaire lourde de conséquence qui brisa définitivement un homme finalement attaché à des valeurs simples. Cette charge contre une justice expéditive, Marchal ne la surligne jamais, préférant laisser transparaitre avec force les tourments moraux, identitaires et idéologiques de ses personnages. Avec les Lyonnais, Marchal signe une fresque ample et ambitieuse tourné entièrement vers l’humain mais qui n’hésite pourtant jamais, quand c’est nécessaire, à montrer de pur moment de tension palpable et de spectaculaire efficace mais jamais racoleur. Bref, une date dans le cinoche français qu’il est impératif de voir comme tout bon chef d’œuvre qui ce respecte.