Depuis le fulgurant succès de "Millenium", le polar venu du Nord a le vent en poupe, tant en littérature qu'au cinéma. Il est vrai que l'atmosphère y est particulière, aussi glaçante que le climat et c'est délectable! Cette histoire danoise ne fait pas exception. Dans la vie de Jonas, homme apparemment "normal", photographe de scènes de crimes, marié, deux enfants, une négligence banale va enclencher un mécanisme infernal qui ne s'arrêtera que dans un ruisseau de sang lavé par la pluie. Parce qu'il a trop tardé à changer sa vieille voiture, celle-ci provoque un accident qui laisse Julia aveugle et amnésique. Une femme belle et mystérieuse, ça commence toujours comme ça, affirme Frank, le collègue policier de Jonas. Celui-ci, culpabilisé, se rend à l'hôpital et quand la famille de Julia le prend pour Sebastian, le petit ami rencontré au Cambodge que personne ne connaît, il ne relève pas le malentendu, par compassion, par lassitude du quotidien, par attirance pour la jeune femme, déjà. Julia entre aussi dans le jeu, persuadée qu'elle aime ce Sebastian dont elle ne sait plus rien. Notre photographe s'enfonce peu à peu dans sa double identité malgré les sombres avertissements de Frank et le chagrin de sa femme. Julia est assaillie d'images violentes qu'elle ne parvient pas à mettre en cohérence, jusqu'au jour où le vrai Sebastian se dévoile et où elle retrouve à la fois la vue et la mémoire. Alors, tout explose et Jonas est renvoyé à sa vie ordinaire. Mais on n'endosse pas impunément le rôle d'un autre, surtout quand cet autre se révèle être un petit trafiquant en rupture de mafia. C'est donc Jonas qui paie au prix fort les dettes de Sebastian. Dans cette histoire d'amour et de mort, le cinéaste a choisi de nous plonger au coeur du désarroi de Julia avec ces flashes incompréhensibles qui la visitent à intervalles réguliers jusqu'à la révélation finale. Habile aussi la construction en boucle qui referme le film sur la même scène qu'au début mais cette fois, nous savons!