Taken 2 est un film décevant par rapport au 1, c’est certain.
Coté bon point, se trouve le casting. Liam Neeson retrouve son personnage avec toujours la même solidité, et même s’il a un peu moins d’entrain que dans le premier épisode, il délivre toujours un jeu suffisamment nerveux et enlevé pour assurer, d’autant que son charisme est toujours au rendez-vous. On appréciera, à ses cotés, une plus grande présence de Maggie Grace et de Famke Janssen, qui jouent juste et forment un bon pendant avec Neeson. On regrettera par contre que le reste du casting n’est pas fait l’objet d’une réelle attention. Non pas que les acteurs ne soient pas bons, mais les personnages n’ont aucune consistance, aucune substance, et c’est regrettable. J’aurai bien apprécié des tueurs plus charismatiques, du genre de ce que l’on a pu voir dans L’honneur du dragon, qui proposait une galerie de criminels en tout genre (jusqu’à l’impressionnant Nathan Jones). Là c’est banal.
Le scénario est problématique. Il est nettement moins intense que celui du 1. Le film démarre lentement, et puis il peine fortement à décoller. En fait il donne l’impression de rester statique, et cela via notamment une idée scénaristique beaucoup moins percutante : le fait que le film se déroule sur moins d’une journée en fait. Du coup il perd en crédibilité. Le coup des grenades par exemple en plein Istanbul, c’est juste hallucinant de simplisme pour justifier des retrouvailles en moins de dix minutes. Par ailleurs Taken 2 n’a aucune fluidité, les transitions sont plus que bâclées, et il aurait fallu au moins 30 minutes de plus pour permettre au film de trouver un rythme fluide, et parfaitement compréhensible. C’est dommage, d’autant que par ailleurs il n’y a pas non plus l’arrière-fond poisseux et « sensibilisant » sur la traite d’être humain que le premier épisode, avec ses gros sabots arrivait quand même à développer.
Visuellement Olivier Megaton livre une mise en scène inégale. Parfois audacieuses, avec des caméras immersives (à l’intérieur des voitures, au plus près de l’action), elle est souvent épileptique et brouillonnes. Les combats au corps à corps sont franchement décevant comparé au premier film, sur lequel Pierre Morel avait fait un travail nettement plus solide. Megaton s’enlise dans la nervosité à outrance tuant totalement la lisibilité de l’action et le plaisir que l’on pourrait prendre à la regarder. Le meilleur reste une course poursuite mais il y a déjà eu nettement mieux, même de ce point de vue. La photographie ne rend pas du tout l’ambiance d’Istanbul. Les couleurs sont étrangement grises, et il y a un coté trafiqué (assez typique des productions EuropaCorp) qui est pénible. Même les décors n’emportent pas le morceau. Autant le 1 offrait une plongée agréable dans Paris, autant cette plongée dans Istanbul est décevante. A part quelques plans de Sainte Sophie il n’y a presque rien à se mettre sous la dent. Je note encore quelques effets visuels pas au point (l’explosion de la voiture sur le toit, qui nous est d’ailleurs rapidement zappée), peu tolérable pour un film à plus de 35 millions d’euros. La bande son, correcte, ne rattrapera malheureusement pas l’impression assez pénible que j’ai eu de cette suite de l’excellent Taken.
En conclusion, je dirai que l’on a là l’exemple type de la suite qui loupe le coche. Il essaye de faire tout comme le premier, mais finalement il fait tout moins bien que le premier, et se prend même méchamment les pieds dans le tapis parfois. Si l’interprétation est toujours au rendez-vous, s’il y a bien toujours de l’action, malheuresement le résultat est souffreteux, maladif, et tant l’histoire que l’aspect visuel ne remplissent pas, mais alors pas du tout le contrat. On a là une petite série B d’action sans grand relief, et le souci, c’est qu’étant donné la claque du 1, forcément les attentes étaient plus élevées que sur d’autres films, et la déception en est tout autant démultipliée. Pas intolérable, mais loin d’être grandiose.