Moi qui m'aventure rarement au rayon des téléfilms français, le sujet de « La Belle Vie » m'a donné envie de faire une exception, ce thriller politico-bancaire filmé juste avant la crise de 2008 étant encore d'une troublante actualité. Bien rythmé, filmé avec l'intensité qu'il faut, le parcours de cette anti-héroïne nous saisit rapidement pour ne plus vraiment nous lâcher, l'habileté du scénario étant de nous placer irrémédiablement de son côté malgré une dimension fort peu aimable. J'ai adoré cette manière de représenter la très haute finance, où les sommes d'argent phénoménales ne sont jamais montrées en billet, uniquement à travers les objets, les activités, le décor... Ce choix s'avère extrêmement immersif et donne une idée assez précise de l'univers dans lequel baigne ces gens de pouvoir, incarnés brillamment par un Michel Voïta plus vrai que nature. On ne peut presque qu'avoir alors de la sympathie pour Béatrice, du moins comprendre à quel point il doit être difficile de ne pas être tenté de mener, à son tour, ce train de vie hallucinant. L'attirance irrémédiable que celle-ci a pour ce luxe infini, jusqu'à l'entraîner dans une spirale sans fin, est également décrite avec beaucoup de réussite, Valérie Donzelli signant une prestation inattendue dans un rôle compliqué : un choix de casting étonnant totalement récompensé. J'ai été un peu moins convaincu par certains choix formels, légèrement « poseurs » et portés sur le nu, ainsi que par l'histoire d'amour, clairement l'aspect le moins intéressant, bien qu'amenant certaines situations fortes (enfin, surtout une). Bref, alors que je craignais un énième sujet de qualité traité sans allant ni talent, félicitations à Virginie Wagon aussi bien pour son travail d'écriture que de mise en scène (à quelques exceptions, donc) : de quoi retrouver un peu la foi dans le talent de nos auteurs.