Derrière "Clueless", se cachent au moins deux intentions. La première, transposer le "Emma" de Jane Austen dans un lycée californien, l'intrigue en reprenant ici la trame et les personnages. La seconde, proposer un pastiche des lycéens friqués de Beverly Hills. Nul doute que c'est surtout la seconde intention qui prédomine, la première permettant de lui offrir une trame intéressante. "Clueless" réussit sur plusieurs points, là où d'autres se seraient pris les pieds dans le tapis. Par exemple, il ne nous ressert pas la sempiternelle protagoniste modeste et moyenne, qui débarque innocemment dans un univers lycéen acéré (façon "Mean Girls"). Ici, l'héroïne n'est autre que la fille la plus populaire du lycée ! Superficielle, égocentrée, pourrie-gâtée, pétrie de principes, Cher aurait pu rapidement être un personnage que l'on déteste. Mais sa volonté maladroite d'entre-metteuse, ses bonnes intentions, et le jeu sympathique d'Alicia Silverstone, parviennent à rendre ce personnage attachant. Face à elle, on retrouvera un tout jeune Paul Rudd ! De plus, l'univers du film est plutôt amusant. D'un côté, une série de moqueries plus ou moins gentillettes ou acerbes selon les situations : tenues extravagantes, argot, superficialité des jeunes... mais aussi parents absents, chirurgie esthétique à tous les étages, tentative de suicide ! De l'autre, l'ensemble est bourré de références so 90's, qui laisseront pantois ceux qui n'ont pas vécu cette décennie (citer Marky Mark, respect !). A l'époque, ces références avaient sans doute vocation à inscrire le film dans son temps, et aujourd'hui elles lui donnent un aspect rétro sympatoche. Enfin, on évite les clichés éculés des teen-movies américains, tels que les blagues potaches, ou les éternelles rivalité entre les clans de nerds, de jocks, de rebelles, etc. Si bien que "Clueless" est un teen-movie rafraîchissant. Il n'a rien de révolutionnaire en soi, et sa mise en scène n'a rien de fantastique. Mais c'est suffisamment bien mené pour que l'on passe un bon moment, et c'est tout ce que l'on demande.