Évacuons, comme on dit sur les sites bien écrits, la question des sous-titres français. Ce film est tombé sur un traducteur intoxiqué à l’argot, qui traduit "I love you" par "Je te kiffe" ou "Tu déchires", "What are you talking about?" par "Tu déconnes ?", "Something amazing" par "Un truc de ouf", et ainsi de suite. Tant pis si des personnages qui parlent normalement dans leur langue d’origine se mettent à jargonner en français, il faut bien caresser les djeunz dans le sens du poil. Mais le traitement n’améliore pas le film, déjà bien mal en point.
En effet, la réalisatrice est du genre à tout filmer en caméra portée, de très près (le plan large, connaît pas), et en suivant tous les mouvements les visages, comme à la télé. Ainsi, quand un personnage boit un verre, la caméra suit le trajet du verre, scrupuleusement, de la table à la bouche, puis, lorsqu’il repose le verre, de la bouche à la table, sans louper une milliseconde de la trajectoire. Très intéressant...
Le scénario ? Comme souvent, il est conceptuel, c’est-à-dire qu’on part d’une idée, unique, sans se préoccuper du traitement, parce qu’on pense avoir fait l’essentiel dès le départ. Ici, à l’occasion d’un festival de films pornos organisé par un journal, deux copains hétéros décident de se filmer couchant ensemble. C’est de l’Art, ça, coco ! Or, comme il est évident dès la première minute qu’ils vont se dégonfler, le reste du film se perd en conversations interminables et insipides, destinées à nous conduire à ce glorieux dénouement.
Le film n’est même pas sauvé par les acteurs, bien peu attrayants. Mais, certain du résultat, je suis allé vérifier : il a obtenu, comme je m’y attendais, le Prix Spécial du Jury au Festival de Sundance, attribué à sa réalisatrice "pour son esprit d’indépendance", sic. Plus une nomination pour le Prix du Grand Jury. Quand on sait que Sundance est la Mecque des fausses audaces et du politiquement correct au cinéma...