Boston, années 1870. Jeune oratrice brillante et féministe engagée, Verona se fait repérer par Olive, vieille fille pleinement dédiée à la « cause ». Mais sa fougue et son caractère n’échappent pas non plus au regard lubrique de Basil, avocat conservateur qui goûte peu à ses idées. « The Bostonians » sera donc un duel entre deux personnes radicalement opposées, qui se battent pour l’affection d’un talent féminin. Un sujet très alléchant, traité avec subtilité, et tout à fait moderne (on pourrait y intégrer sans mal la thématique #metoo, et remplacer les salons par des réseaux sociaux). Le film posera ainsi des questions intéressantes, telle que le fait de déterminer si les idées de Verona sont vraiment les siennes, ou si elles ont été implantées par son entourage qui exploite son talent. Ou l’éternel débat : faut-il suivre ses idées ou son cœur ? Il traite également en non-dits du saphisme. Toutefois, l’ensemble est un peu longuet. On tourne souvent en rond, et la mise en scène manque parfois de puissance, tel que dans ce final pourtant original. Les 2h du long-métrage auraient aisément pu être réduites à 1h30. Etonnant de la part du tandem Merchant / Ivory, qui nous livrera quelques perles en terme de films d‘époque. Heureusement, la reconstitution est détaillée. Et le film s’appuie sur deux acteurs de talents. Vanessa Redgrave n’a clairement pas un personnage attachant, mais elle fait preuve de toute sa sensibilité pour incarner cette dame frigide et possessive, dominée par sa frustration d’une vie stérile, et son engagement politique sincère. Christopher Reeve prouve une fois de plus qu’il ne faut pas limiter sa carrière au rôle de Superman/Clark Kent. Si l’on peut parfois douter du bon goût de sa coupe de cheveux, James Ivory utilise à bon escient les mensurations imposantes de l’acteur pour montrer qu’il est totalement déphasé de l’univers féministe qu’il infiltre. Reeve sait aussi manier ses expressions lubriques pour jouer entre des émotions purement intéressées, et de sincères sentiments. « The Bostonians » n’est donc pas inintéressant, mais ne vous attendez pas à du grand James Ivory.