Dans son second long métrage, FISH TANK, Andrea Arnold nous entraîne au cœur de la bataille d’une adolescente revêche, rebelle, en quête d’elle-même, et qui de ce fait, se heurte brutalement à un entourage dans lequel elle ne se retrouve pas, entre sa petite sœur - trop jeune, sa mère malhabile, et le petit ami – érotisé - de celle-ci, le sexy Michael Fassbender, révélé l’an dernier à Cannes dans le choc « Hunger » ; Un personnage généralement traité sans relief et relayé au second plan, mais qui va pourtant, dans le cas présent, servir de guide à l'héroïne et apporter un tant soit peu à ce petit poisson l’oxygène dont elle a besoin pour respirer dans un aquarium devenu invivable. Avec le personnage de Mia, Andrea Arnold (se ?) révèle au grand jour (dans) un portrait puissant, presque coup de poing, de l’adolescence. Dans ce qui s’avère un véritable tour de force, la jeune Katie Jarvis incarne avec justesse, profondeur, et naturel, une adolescente à fleur de peau, dont la grande sensibilité n’a d’égale que la violence qui la tiraille. Mia est dans ce sens un personnage à vif et passionné, jolie fleur sauvage qui se fait la représentante de toute une catégorie de l’adolescence, borderline et aux repères dégradés par leur milieu social et leur mode de vie, coincée dans son aquarium. Elle rejoint le cercle des grandes héroïnes écorchées vives d’un cinéma réaliste et social, aux côtés de la guerrière « Rosetta » des frères Dardenne, et - dans le cinéma britannique - des héros du « Sweet Sixteen » de Ken Loach et des héroïnes du film de Pawel Pawlikovski « My Summer Of Love ». FISH TANK s’impose véritablement comme une œuvre pleine de finesse, de sensibilité, de sobriété, bien loin des redites que nous offre la production actuelle sur l’adolescence… car, au contraire, FISH TANK a de quoi devenir une future référence.