Lorsque l'actrice Ludivine Sagnier a été contactée pour participer au film Crime d'amour, le projet de long métrage était alors titré : Une femme parfaite.
Selon Alain Corneau, l’idée de départ fait partie de ce qu'il appelle "ses petits labyrinthes “fritzlanguiens“" et peut se résumer de manière très simple : "comment, après avoir commis un crime qu’on a voulu parfait, et pour lequel on sera forcément suspecté, peut-on s’innocenter… en se faisant passer pour coupable ?!" C’est une idée à laquelle le réalisateur a longtemps réfléchi avant de trouver une solution pour la développer : le mobile de ce crime pouvait être l’humiliation. Il a construit cet affrontement jusqu’à l’humiliation qui conduit au crime et, découlant de cet affrontement, la manière dont le criminel s’innocente.
En 2010, le cinéma français présente deux longs métrages abordant des crimes commis dans les hautes sphères du monde du travail. Avant la sortie de Crime d'amour d'Alain Corneau, Benoît Magimel essayait de réussir son crime "sans laisser de traces" dans le film de Grégoire Vigneron.
Alain Corneau revient sur l'affiche principalement féminine de son film : "D’abord, je pensais, sans pouvoir l’expliquer, que ce serait plus spectaculaire si ce cheminement labyrinthique était féminin… Et puis, ça vient aussi de quelque chose de personnel : j’ai découvert depuis un moment l’excitation d’avoir des femmes dans les rôles principaux. J’ai fait beaucoup de “films d’hommes“ [...] , sans forcément d’ailleurs l’avoir décidé [...]. Traiter ce thème à travers deux femmes me semblait encore plus excitant, peut-être aussi parce que c’est toujours nouveau pour moi…"
En vrai cinéphile, le réalisateur Alain Corneau multiplie les inspirations pour son film, allant de Plein soleil de René Clément – où la quête/perte d’identité est la plus claire – à L' Invraisemblable vérité de Fritz Lang qui tourne autour d’une implacable machination qu’un grain de sable enraye: "En fait, j’aime beaucoup les films à triple lecture" explique le metteur en scène. "A la première, on s’amuse. A la deuxième, on est sensible au phénomène identitaire, puis à la troisième, arrivent les phénomènes sociaux… Il y a aussi dans Crime d'amour le portrait en creux d’une société, des grandes compagnies multinationales".
Lorsque Ludivine Sagnier cherche à connaître l'horaire de sa séance de cinéma, c'est vers "Allociné" qu'elle se tourne. Plein cadre sur l'une de nos pages qui renvoie plus précisément à la fiche du film Le Dernier rivage de Stanley Kramer! Un petit clin d'œil au site pour un grand hommage au cinéaste américain et à son drame cynique...
Jouer dans Crime d'amour a été, en quelque sorte, un challenge pour Ludivine Sagnier. La raison à cela est qu'elle n'a jamais travaillé derrière un bureau et que ce monde de l'entreprise était "quelque chose de complètement exotique" pour elle. Elle ajoute qu'"être crédible à un bureau en train de taper sur un ordinateur, de gérer des dossiers, (...) [a été] pour [elle] un véritable enjeu".
A la base, Alain Corneau ne prévoyait pas de bande originale pour Crime d'amour. Après être revenu sur sa décision initiale, le réalisateur s'est souvenu d'un vieil enregistrement des années 80 du saxophoniste Pharoah Sanders : "Kazuko". Un morceau avec une Japonaise qui improvise plus au moins au koto et Pharoah Sanders au saxo ténor. Alain Corneau a fait écouter le morceau à l'actrice Ludivine Sagnier pour qu'elle s'en imprègne avant le tournage.