Parrainé par Guillermo Del Toro et précédé d'un bon bouche à oreille, Rabia avait toutes les chances de son côté. L'histoire simple d'un immigré sud-américain se cachant dans les greniers de la bourgeoise et espagnole demeure dans laquelle sa récente petite amie travaille, nous promettait un huis clos tendu. Le début nous montre la passion qui unit Rosa et José Maria, passion récente mais profonde, puis la manière dont l'un et l'autre vivent leur condition d'immigrés en Espagne. C'est plutôt bien mené mais c'est long, d'autant plus long qu'on a du mal à entrer dans ce couple. Quelque chose, dans la mise en scène ou le jeu du héros masculin, semble nous en empêcher. Puis José Maria commet l'irréparable et vient "se terrer" dans les combles de la maison où Rosa travaille. On fait alors mieux connaissance avec ses employeurs, vieux bourgeois en bout de course, lui très aigri, elle plutôt malheureuse, leur fils raté accro à l'alcool. José Maria est au-dessus, à côté, en-dessous, entend tout, ne dit rien, pendant que Rosa subit et souffre de ne plus le voir. La tension n'est jamais là. Les mouvements de caméra, la musique, les sous-textes sociaux, la manière dont l'architecture de la maison est utilisée, rien ne parvient à faire décoller le film. Tout se passe dans la maison, mais nous restons en dehors. On ne sait pas vraiment ce qui manque, mais le manque est là. Quelques très jolies scènes cependant, la beauté et le talent de Martina Garcia, mais ça ne suffit pas.