Scott Stewart nous livre avec Priest un film qui nous plonge dans un univers futuriste plutôt original. Univers issu de faits historiques qui nous sont enseignés dans une petite séquence d'introduction : Guerre entre les hommes et les vampires, création d'une légion de prêtres capables d'éteindre définitivement cette menace, et enfin, reconstruction de la société, avec dissolution de l'ordre des prêtres, qui ne trouveront jamais véritablement leur place dans le nouveau monde. Si je me suis demandé dans un premier temps pourquoi il nous présentait cette histoire façon manga, j'ai découvert par la suite que le film est en réalité inspiré d'une oeuvre de Hyung Min-Wo, la logique reprenait donc ses droits.
Nous découvrons donc le monde tel qu'il est bien des années après le dernier affrontement, un monde futuriste, mais qui mêle nouvelles technologies et ambiance gothique et glauque à souhait. J'aurais par ailleurs aimé qu'on découvre plus de plans nous représentant la ville, qui donne une impression de noirceur ambiante, il est dommage de ne pas avoir insisté dessus. Quoiqu'il en soit, l'église gouverne d'une manière qui apparait comme dictatoriale tandis que nous faisons la connaissance d'un prêtre blasé, presque dépressif, qui va devoir s'opposer à l'autorité en place pour partir à la recherche de sa nièce. Sûr que la menace vampire est en train de refaire surface, il tourne le dos à cette ville pour partir vers un long périple.
Si le début de l'histoire est plutôt alléchant, posant l'atmosphère d'une manière captivante, le scénario manque malheureusement de consistance pour apporter une dimension supérieure au film, qui ne sera finalement qu'un checkpoints movie peu surprenant. Voguant de clichés en clichés, l'histoire perd en crédibilité au fil des minutes, l'intensité ne cessant de baisser d'un ton, alors que cela aurait du être l'inverse. Les personnages se noient eux aussi dans cette linéarité, ne créant aucune forme d'empathie chez le spectateur. les scènes qui se veulent poignantes (à coups de musiques intenses et de lenteurs d'images) sont tout juste passables, tandis que les autres sont anodines, voir parfois agaçantes (je fais ici référence à la scène où le sheriff essaie de convaincre le prêtre de ne pas tuer Lucy si celle-ci est infectée, qui semble plus être présente pour boucher un trou que pour apporter quelque chose, et ça se sent...).
Les acteurs ne transmettent donc pas grand chose, à travers des personnages peu développés, dont certains auraient mérité une analyse plus poussée. Heureusement pour ce scénario plat et ces personnages vides, la réalisation rattrape très souvent la lourdeur de l'histoire. A travers un montage intelligent, on arrive à être captivé devant certains passages qui bénéficient d'un style certain (le méchant en chef d'orchestre de la destruction, pas mal du tout). Les scènes de combat sont plutôt bien négociées, avant les dernières vingt minutes assez ridicules (il faut l'avouer) bien entendu. Enfin, les clichés et la prévisibilité de l'action ne sont pas des défauts qui auraient pu porter préjudice au film, si derrière les personnages et l'histoire avaient tenu la route, ce n'est pas le cas. Les dialogues sont plats, les personnages sont stéréotypés et les supposées surprises n'en sont pas réellement.
Seul le travail visuel et sonore permet de capter l'attention et de ne pas rendre le film indigeste, puisque la réalisation et les bruitages en tout genre collent parfaitement à l'ambiance globale. Cependant, l''utilisation trop fréquente de musiques d'ambiance, servies sur un plateau pour cacher quelques faiblesses, démontrent encore à quel point le tout est très bancal. Peu crédible mais joli, intéressant mais mal développé, il ne reste qu'un film qui n'est pas complètement nul, mais qui n'est pas grand chose d'autre non plus...