C'est dommage, vraiment dommage parce que le film de Mark Romanek avait peut-être le potentiel pour prendre une toute autre dimension, les intentions sont bonnes mais mal exécutées, et au final ce qui aurait put être un film touchant et bouleversant n'est que trop insipide.
Le film, adapté du roman à succès de Kazuo Ishiguro : Auprès de moi toujours, est intéressant dans sa structure et son univers à la temporalité confuse. L'action se passe vers la fin du XX siècle et pourtant le clonage humain est déjà mis en place et fait parti des us et coutumes de l'époque. Cela aboutit à une ambiance assez étrange car le classicisme prime sur le reste, et les impressions qui auraient put nous paraître futuriste n'en sont que banales.
Never Let Me Go n'est donc pas un film de science fiction, il ne traite pas du clonage, ni des problèmes qu'apporte la technologie, il ne se sert de tout cela que comme toile de fond afin de déployer toute la puissance romanesque de son oeuvre et le réalisateur choisit pour cela de s’appuyer sur le trio Keira Knightley - Carrey Mullygan - Andrew Garfield. Ces trois personnages là sont membres d'une même école, une école dite spéciale car elle élève en effet des clones destinés à faire don de leur organe une fois atteint un certain âge.
Et c'est là que les enjeux et les quelques bonnes surprises arrivent car il flotte une ambiance de résignation sur ce film, les personnages bien que conscients de leurs sorts ne tente jamais de fuir, probablement parce qu'il n'ont nul part où aller. Et c'est là que le réalisateur tente donc de s'attaquer à l'humain mais c'est aussi à ce moment là que ça coince.
Mark Romanek tente donc de développer une histoire d'amour, un triangle amoureux qui commence dès la jeunesse, qui se base sur des choses simples, qui contient une certaine force d'innocence et de pureté. Puis les personnages grandissent et certains s'abandonnent à leurs souvenirs, tente de construire leur futur pourtant condamné d'avance mais le temps coule inexorablement et des liens se créent, d'autres se brisent mais l'amour reste toujours présent.
Et le réalisateur tente en partie de se baser sur l'innocence enfantine pour décrire la force de l'amour, il tente de rappeler ces petits moments peut-être anecdotiques mais qui forment une vie. C'est bien, enfin ça aurait put être bien si il ne s'y prenait pas si mal. Car les idées il les avaient en main, les acteurs aussi et pourtant il réussit à aboutir sur un film fade, sans saveur qui ne fait que nous évoquer ce que l'on aurait aimé voir plus approfondi. C'est pas que c'est maladroit mais presque, j'ai ressentis par moment quelques pistes intéressantes mais elle restaient toujours en surface non pas par manque de volonté du réalisateur qui semble malgré tout bien conscient d'où il doit mener son oeuvre, mais plutôt par manque de savoir faire. Ainsi il se retrouve donc à la recherche d'une poésie qu'il n'arrive jamais à atteindre et sur ce coté là on reste donc sur notre faim.
Il y a aussi des tentatives visuelles où le réalisateur cherche à toucher ce qui est mélancolique mais là aussi les bonnes intentions ne suffisent pas car les divers plans nous rappelle vaguement certaines cartes postales, et même si celles-ci sont en effet symbole de souvenirs, il est clair que parler d'un film en tant que tel ne relève pas toujours du compliment d'autant plus quand c'est un certain sentiment de beauté factice qui en ressort. On félicitera tout de même le trio d'acteur qui remplit très bien son rôle avec mention à Carrey Mulligan et Andrew Garfield qui se trouvent être très en forme dans un rôle de composition pas très simple.
Au final Never Let Me Go est un film honnête et qui propose des pistes intéressantes, cependant Mark Romanek n'arrive jamais à mettre les émotions en exergue et il en ressort un film assez terne. Il est d'autant plus dommage que le potentiel était bel et bien présent. Le film m'a par contre donné envie de m'attaquer au bouquin de Ishiguro qui pourrait avoir les capacités de me satisfaire.