A la sortie de la salle, un petit sentiment de frustration m'envahit. Oui tout semble être réussi dans ce film, sauf qu'une chose m'a manqué : mais où est donc cette larme que je m'attendais à verser ? Je ne sais pas si c'est possible de répondre à une telle question, mais tentons quand même...
Tout commence dans une institution, qui en apparence ressemble à une simple école, mais dans laquelle flotte une étrange atmosphère. Leur santé est surveillée de près, tout est fait pour les couper du monde, et les mensonges et l'endoctrinement semblent être légion. Même pour le spectateur qui connaîtrait déjà le secret qui plane sur cette école, l'introduction à l'univers du film est réussie. Heureusement tout le film ne tient pas sur le-dit secret qui est révélé assez rapidement. Dès lors l'atmosphère passe d'étrange à mélancolique. (La suite de la critique révèle pas mal de choses sur le secret et la fin du film, vous êtes prévenus !) Condamnés à mourir jeunes et à rester à l'écart de la société, notre trio de pensionnaires tente tant bien que mal de profiter de leur vie, tout en ayant l'angoisse de l'échéance, et cet irrépressible besoin de savoir ce qu'ils auraient pu vivre (via la recherche de leur Original). Et c'est bien là ce qui intéresse le plus Romanek : la peur du temps qui passe, celle de ne pas avoir assez vécu, d'avoir louper certaines choses... Par ce biais avec ce que chaque Homme ressent, Romanek fait allégrement passé mine de rien son second message sur l'éthique dans la médecine, qu'il explicite plus directement lors de la scène chez "Madame". A cet égard, il n'est pas sans rappeler l'excellent "Bienvenue à Gattaca" qui mettait déjà en avant les risques de dérive de la médecine, derrière son premier plan de thriller futuriste.
Alors où pêche Mark Romanek ? Vraisemblablement dans l'histoire d'amour qui tient finalement tout le film. Le côté amour adolescent est plutôt sympa, car il est le reflet de l'amour passionné, mais Romanek reste un peu trop en surface, d'autant que cette partie de l'histoire est un peu cliché. Kathy et Tommy sont amoureux depuis toujours, mais Tommy sort avec la meilleure amie de Kathy, Ruth. Heureusement que Carey Mulligan et Andrew Garfield mettent de la profondeur là où Romanek n'y arrive pas. Et c'est bien eux qui sauvent cette histoire d'amour, et arrivent à émouvoir le spectateur lorsqu'ils comprennent que même leur amour ne les sauvera pas. Keira Knightley fait, elle, presque office de figurante, la faute à un personnage moins important et moins convainquant.
Autre raison éventuelle à cette absence de larme, c'est peut-être justement que Romanek appuie un peu trop tout le long du film sur le côté nostalgique. Très peu d'humour, très peu de moments joyeux dans la vie de nos trois personnages, même dans leur enfance, lorsqu'ils ne connaissent pas encore le secret. Du coup, la mélancolie est permanente et les émotions pas assez variées et nuancées pour toucher vraiment le spectateur. Pourtant dans sa mise en scène et l'esthétique de la photo, il ne tombe pas dans le piège de l'atmosphère froide et triste, mais joue beaucoup avec la beauté de la nature et sa lumière.
Mais il y a encore une autre explication à mon manque d'émotion, peut-être que c'est juste moi qui n'ai pas été sensible au film, ou peut-être que j'en attendais trop...