Superbe histoire qui prend aux tripes car on sait dès le départ sur quoi le scénario va déboucher. On découvre un trio de personnages touchant et très justement interprété. Kathy, Ruth et Tommy ont grandi ensemble au sein d'un pensionnat dont l'éducation n'est pas le premier objectif, mais plutôt le maintien d'une bonne santé. A la sortie de cet établissement, ces enfants sont destinés à un destin pas comme les autres, programmé et spécial. Ils n'atteindront jamais l'âge mûr et vont, à un moment précis, donner leurs organes. Il est rare de survivre jusqu'à la troisième donation... Ces trois personnages sont liés, ils connaissent tout l'un des autres et apprennent une possibilité de sursis... Le scénario, adapté d'un roman, est brillamment mené. Le début offre un tableau, celui d'une école parfaite où les élèves pratiquent dessin et sport et où les professeurs semblent plus qu'appliqués. Mais on comprend petit à petit la réelle fonction de cette école dont les élèves sont le trésor; garder le corps en bonne santé est la priorité. Une bonne alimentation, un badge au poignet, des visites médicales récurrentes pour enfin connaitre la vérité, sortie de la bouche d'une institutrice. On comprend alors la condamnation des enfants, l'horreur de leur identité aveugle, ils ne sont rien, la tragédie de leur destin est mise en place et on ne comprend pas vraiment, un peu comme eux. Les trois jeunes acteurs sont excellents et m'ont surpris dans leur profondeur, digne d'acteurs adultes! Ces "fantômes" ou "clones" ont pourtant une âme et des sentiments, et c'est sur cela que repose toute la mise en scène de Mark Romanek. Si bien qu'on en oubli l'essentiel au travers un déboire de sentiments, de jalousie et d'incompréhension. Carey Mulligan joue la fille sage, voire presque une sainte, ne s'énervant jamais et supportant toute la douleur du monde dans son regard. Andrew Garfield joue un jeune homme pomé, plein de bonnes intentions et d'espoir. Quant à Keira Knightley, bien que son rôle soit moins mis en avant, son jeu m'a touché car c'est pas la fille toute souriante qu'on a l'habitude de voir dans ses autres rôles, c'est un peu la "méchante" de l'histoire, jalouse et égoïste. Son jeu m'a étonné et ému. Ici, les héros sont condamnés dès le départ, on s'y attend, on ne sait pas quand et çà nous prend à la gorge car l'attendu est après tout inattendu. Pas d'espoir, pas de détournement, une histoire pleine de choses qui n'ont pas lieu d'être dans leur conception d'origine mais qui apparaissent avec une once de liberté et d'espoir qui vient tout saccagé. La fatalité de l'histoire est très troublante et fait penser à la vie...