« Pourquoi est-il si méchant ». A l’image de la publicité pour la célèbre boisson rouge à l’orange, “Suicide Squad“ ne manque pas de style ni de mordant. A contre-courant, déjanté et rock’n’roll, ce film montre dès le départ sa volonté de déboulonner le genre, et le fait plutôt bien dans sa première partie. Dans cette longue introduction, comme lorsqu’on décapsule sa bouteille d'Orangina, le film pétille et son côté secoué a de l’allure. La galerie de personnages est alléchante, et même s’ils sont plus ou moins longuement décrits avec un certain favoritisme, on attend sans déplaisir ce que donnera la réunion de ces anti-héros. Mais à force de laisser la bouteille décapsulée, le pétillant s’évente et la suite n’est malheureusement pas à la hauteur de l’ambition du départ. Car lorsque les super-méchants s’orientent vers de super-gentils, les convenances des standards hollywoodiens du genre reprennent le dessous, l’Orangina devenant un Tang sans saveur. Il manque, derrière l’idée intéressante de réunir les “Méchants“ DC Comics ensemble, un véritable scénario qui mettrait à l’honneur cette improbable escadron. Et même si la description de chacun des protagonistes ne manque pas de mordant, on regrettera que l’anti-conformisme du premier parti pris soit malheureusement perdu en route lorsqu’il faut raconter une histoire. Et puis, face à ses héros d’un jour, il manque à “Suicide Squad“ un vrai méchant crédible et odieux pour leur mener la vie dure. Très stylée et rythmée, la réalisation de D.Ayer colle bien à l’univers crasseux et rebelle de l’ensemble, dommage qu’il s’insipide au fin de parcours. Reste une galerie de personnages odieusement cool, dont on retiendra forcément M.Robbie en Harley Quinn épatante, W.Smith au meilleur de son cabotinage, et J.Leto en Jocker (l’ombre de H.Ledger reste persistante, mais J.Leto fait le job, encore faut-il laisser suffisamment de place à son personnage, qui n’est dans ce film, qu’un simple faire-valoir). Le marketing de “Suicide Squad“ est à l’image de ce fameux « Orangina Rouge », il donne envie de transfigurer le genre et invite à la tentation diabolisante. On le goûte, on apprécie, mais il peut être vite indigeste si on en abuse. Et rien de pire lorsqu’on l’édulcore la recette originelle et l’effet promis. Rien de tel qu’un bon Coca Cola bien rouge.