Réaction tardive vaut mieux que pas de réaction, dit-on (enfin, surtout moi). Suicide Squad représente à mes yeux le plus colossale gâchis de potentiel de la décennie. Et je pèse mes mots ! Seigneur, que s'est-il passé ? La pré-production nous promettait un long-métrage aux petits oignons confits délicatement nappés sur une tranche de foie gras du Périgord poêlé aux truffes (du Périgord), et le niveau de ma déception n'auras été qu'à la hauteur de celui de mes attentes. Pour la petite histoire, l’annonce seule du film à fait mijoter des millions de fans pendant près de deux ans. Programmé dés 2014 pour l'été 2016, la première version filmé d'Harley Quinn avait réuni tous les ingrédients pour nous offrir le caviar de DC comics. Avec Margot Robbie dans le rôle titre et, derrière la caméra, un David Ayer au sommet de sa gloire après les énormes succès critiques et commerciaux qu'ont été End of Watch et surtout, Fury, on était en droit d'attendre un spectacle nerveux à souhait pétri d'idées de mise en scène inspirée et de bonnes intentions pour faire transpirer à l'écran toute la dimension malsaine des Bad Guys de la franchise. Et cette nouvelle avait déclenché chez les fans, des orgasmes multiples et parfois groupés.
Non. Non, non, non et juste non. Je vais rester résolument assassin, comme lors de ma sortie de salle :
Le scénario est un patchwork incompréhensible bourré d'incohérence toutes plus démentes les unes que les autres, les personnages sont d'une stupidité qui se veut sans doute cartoonesque, mais qui est, dans les faits, insupportable. Pire encore, les "Bad Guys" n'en sont pas. Ce sont des héros un peu trashouille mais, à aucun moment, des méchants. C'est l'une des majeures raisons de ma haine du film, puisque c'est l’essence même de ce qui devait faire le film qui part en fumée avec ce constat : Les membres du Suicide Squad sont lisses. Ils sont lisses comme rarement il a été permit de lisser des personnages, et particulièrement des bad guys. Résultat, le jeu des acteurs est insipide. Il n'est pas mauvais, pas surjoué ni même hors-propos. Ça va au-delà de ça : c'est fade, c'est inintéressant et ça ne provoque ni empathie, ni révulsion chez le spectateur. Avec un tel cast, c'est franchement dommage.
Au niveau du montage, c'est épileptique. C'est moche. C'est sur-cuté jusqu'à la gerbe. Le découpage est tellement serré que si le film n'avait pas été tourné en numérique, la pellicule aurait des allures de carpaccio. Ça fait PHYSIQUEMENT du mal ! Je n'exagère pas, j'ai rarement vu un montage aussi apocalyptiquement foiré de bout en bout, au point que la question du "était-ce volontaire ?" me trotte dans la tête.
Le style visuelle est... horrible. Un milk-shake chelou entre des couleurs flashies et des teintes sombres, accompagné d'une esthétique ultra kitsch tellement édulcoré que le film en lui même ressemble à un gros morceau de sucre cherchant désespéramment un café pour se dissoudre.
Bref, Suicide Squad est pire qu'un échec : c'est une déception. Une gigantesque, colossale, titanesque, gargantuesque, galactique, universelle déception tant les attentes et les espoirs autours de ce film étaient grands. Après avoir essuyer ces larmes de sangs et être partit au pub le plus proche enchaîner verre sur verre de Margarita afin d'oublier cet ultime étron filmique, une question s'impose au fan dépité : Pourquoi ? Pourquoi un projet si prometteur s'est-il lamentablement planté ? Pourquoi un réalisateur si talentueux s'est-il à ce point vautré ? Pourquoi le barman ne m'apporte pas des chips avec la tequila ? Non, bon, là je déconne.
La réponse est simple : à l'instar du RollerBall de John McTiernan, Suicide Squad de David Ayer n'existe pas. La version projetée en salle est une version découpée, mixée, mélangée puis ré assemblée du film de David Ayer. Ceux qui ont vu la version originelle sont formels : le film qui est sorti en salle n'est PAS le film de David Ayer. Warner Bros a récupéré le produit fini pour le passer à la moulinette et l'a confié à un monteur pour en faire une daube à sa sauce, ce qui explique beaucoup de chose : L’esthétique que je critiquais consciencieusement comme le dernier des connards réactionnaire devait avoir du sens dans le montage original. De même, le découpage épileptique est un effet de ce remontage piraté, effectué sans le réalisateur, et donc, sans la vision que celui-ci avait du produit fini. Donc big up, David Ayer, t'es pas le premier réal à te faire torpiller par les studios, et malheureusement, tu ne sera probablement pas le dernier. En attendant, j’espère voire un jour sortir en DVD une director's cut de Suicide Squad, histoire de voir à quel point le produit de base était différent de cette horrible chose qu'on nous a projeté à l'écran cet été.