Telle est la cruelle réalité des studios et leur vision de la surenchère durant de longues campagnes fleurissante en couleur, mais qui s’avèrent encore plus absurde devant un tel désastre. Le metteur en scène a prouvé par le passé qu’il a eu de la réussite avec notamment « Bad Times », « End Of Watch » et enfin « Fury ». David Ayer n’est donc pas le seul à être blâmé, car sa tentation dans cette nouvelle collaboration avait de quoi vendre du rêve… théoriquement !
« Suicide Squad » remet une nouvelle fois en cause la réalisation des blockbusters, dans un tourbillon commercial où profits et démence sont les valeurs, au détriment de la qualité et de la passion. C’est un film qui installe une escouade non mémorable de vilains dont les diverses formules d’attraction sont illogiques. Le ton ? Un mélange vide et lourd encore des répliques ou situations comiques pour nous réveiller entre deux phases assommantes.
On peut trouver une cohérence dans l’esthétique sobre de l’univers, enchainant directement sur le dénouement de Batman v Superman. Mais une fois encore le défaut redondant est d’accélérer le processus d’introduction des protagonistes. Or, ce groupe est si dense que la présentation des certains est bâclée ou inexistante. De plus ils sont tous, sans exception, horriblement exploités. Le contexte posé, l’ambiance détendu installé, les protagonistes suivent un scénario trop calculé.
Pour la partie casting, qui est certainement le moteur et la raison pour lesquels cela nous a attiré en salle, il reste grandement inégal. Will Smith hérite d’un faux Deadshot, trop sentimental et bavard pour ne pas dire ennuyeux. Son implication dans le projet a certainement eu des répercussions sur le film, on le sens rien qu’à son jeu intact et omniprésent. Amanda Waller est portée par une Viola Davis intéressante. Mais son personnage manque cruellement d’épaisseur pour identifier la manipulatrice qu’elle représente.
Le film pèse vraisemblablement sur la prestation de Margot Robbie dans une Harley Quinn imprévisible mais en manque d’épaisseur également. Elle reste cependant omniprésente pour faire le show attendu. Son introduction liée à celle du Joker, campé par un Jared Leto peu convaincante mais encore insuffisant dans le rôle de « guignol de service », est une déception. L’aspect « folie » est conservée, mais espérons que nous trouverons cachées quelque part, des scènes additionnelles qui nous dévoilerons ce pourquoi le studio nous ventait tant sur sa performance. On en vient donc à parler d’un montage dépourvu de sens, de flash-backs maladroits. Les images s’enchainent sans que l’on puisse digérer les informations correctement.
Quant au reste du groupe, comme on ne connait pas grand-chose sur eux, qu’on les a lâchées trop tôt dans le feu d’une action trop banale, on ne s’y attache pas. Le tout donne donc une performance individuelle notable, sans que l’on puisse parler d’une équipe… L’incohérence et l’incompréhension sont totales !
Le mixage audio est aussi un facteur qui purge les défauts de rythme mais brise aussi le ton du film qui perd toute valeur émotionnelle. L'humour poussé et forcé n'aide pas non plus à nous convaincre d'un effort. Quelques punchlines sont les bienvenues mais est-ce vraiment l’essentiel dans toute cette mascarade ? Cela aura bien attiré plus de jeunes amateurs devant ce fastidieux boulot mais chacun l'aura vécu à ses dépens !
Toutes ces observations et ces remarques pour illustrer que « Suicide Squad » est victime de sa propre illogique et surtout d’une réalisation en manque de saveur. Les studios ne parviennent pas à renouveler leur vidéothèque de héros, et plonge leur propre industrie dans une marée de dégoût et de déception. C’est un nouvel essai qui a tenté, tant bien que mal, de nous surprendre positivement, mais sa place dans les flops de l’été est incontestable !