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Pascal
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4,0
Publiée le 10 octobre 2022
I. Kheifitz est un réalisateur soviétique dont la filmographie très fournie à la réputation d'être peu intéressante, mais il faut pourtant reconnaître que son adaptation de " la dame au petit chien" de Tchekhov est une grande réussite.
Certes, la photographie n'est vraiment pas exceptionnelle, ( est ce dû à la copie ou à la qualité originelle de l'image ?) , mais " la dame..." est tiré par le haut en raison d'un scénario qui marie simplicité, intensité et justesse glacée.
Dans un film ramassé en 85 minutes, dont la fin ouverte ( ?) est d'autant bouleversante qu'on se doute qu'elle ne l'est pas.
L'auteur laisse transparaître à la fois l'espoir, le rêve consubstantiels à la nature humaine mais aussi la réalité de l'existence qui vient se coller dans le dernier plan aux yeux du spectateur.
Les membres du jury du festival de Cannes ne se tromperent pas en 1960, lorsqu'il delivrerent le prix de la meilleure contribution artistique à ce film ( il le partagea avec un autre film soviétique " la ballade du soldat" de G. Tchoukrai ).
Avant la révolution russe, un homme et une femme tous deux issus de la bourgeoisie, mariés et venus seuls en villégiature à Yalta, se rencontrent et tombent eperdument amoureux l'un de l'autre. Il faut bientôt repartir. Leur histoire a t elle un avenir possible ?
Le film est d'un intensité telle, qu'elle constitue sans doute une des meilleures adaptations cinématographiques de Tchekhov qui soie et une invitation irrepressible à lire ou à relire cet auteur, un des plus fameux de la littérature russe.
Adaptation toute en finesse et en délicatesse de la nouvelle d'Anton Tchekhov assez fidèle à cette dernière en respectant son ossature mais tout en lui donnant un peu plus de chair. Et quelques belles idées ressortent de cette dernière : une galerie de personnages secondaires amusément (pas sûr que ce mot existe mais m'en fous!!!) absurdes, un point de vue un peu moins mysogine, du moins le temps d'une scène, que celui de l'auteur de "La Mouette" sur la femme du principal personnage masculin et quelques petits rajouts intelligents comme la séquence avec l'autre chien qui servent à encore mieux souligner la passion comprimée entre les deux amants. Mais outre une très belle musique et une photo ouatée, le gros point fort du film c'est l'interprétation de la lumineuse Iya Savvina dont la voix très douce est mémorable et délicieuse à écouter. Le dégel (momentané!!!) sous Khrouchtchev a donné lieu à des oeuvres remarquables, ce film en est une belle preuve.
La courte période de libéralisme russe sous le pouvoir de Khrouchtchev permis à quelques cinéastes à la filmographie propagandiste de pouvoir enfin s'exprimer au grand jour. C'est le cas de ce film qui restera le seul film vraiment personnel de Joseph Heifitz. Aucune propagande n'est à trouver dans cette triste histoire d'amour nostalgique d'un passé à jamais disparu.