Film des plus appauvrissants de David Slade, qui bien évidemment n'arrive pas non plus à relever avec un peu de sens et de goût ce troisième misérable opus de Stéphanie Meyer, dont l'originalité par rapport aux deux précédents chefs-d'oeuvre est difficilement identifiable. Alors évidemment je sais ce qu'on me reproche silencieusement : de perdre mon temps, non seulement à voir ces ignominies lancées contre le bon goût et l'intelligence, mais en plus à les commenter publiquement et faire perdre le temps si précieux de mes quelques lecteurs avisés. Je justifierai donc cet article par un pur arbitraire, et peut-être aussi, tiens, par la nécessité d'un peu de haine gratuite, de soulagement, une sorte de grande décharge post-agreg, parce qu'après tout, tension appelle détente, en musique classique comme partout. Donc, ce troisième opus est des plus mauvais dans le fond, en répétant ce qui a aussi permis la médiocrité du second opus, à savoir un non-scénario, une non-intrigue, l'adhésion du spectateur devant exclusivement être acquise à travers la trame inconsistante et exécrable des dialogues, qui reproduisent à l'envie le "je t'aime Edward mais je t'aime aussi Jacob, seulement, un peu moins finalement". Mais il est vrai que c'est d'une telle bêtise que seule la répétition de cette bêtise permet malgré tout d'avoir de l'intérêt, puisqu'on arrive à se demander, dans toutes ces circularités du Même que les mots marquent d'un ennui harassant, si un hasard heureux, une chance, que sais-je, un miracle même, ou un clinamen épicurien (loul), bref, une échappatoire destinale, n'importe quelle altérité possédant seulement un peu de sens, ne permettrait pas de nous sauver de ces infernaux cercles dantesques.
Donc voilà un peu du synopsis : toujours pour choper Bella pour se venger d'Edward, Victoria, la rousse (dont ils ont réussi à donner le rôle à une autre actrice, pas mal), monte une armée secrète, pour défoncer la famille d'Edward. Le salut du clan des suceurs à sang froid ne viendra alors que d'une entente transitoire avec le clan des torrides loups-garous. Pour sceller cet accord, pour lier ces deux clans rivaux de longue date, tel un schème de l'imagination kantien entre entendement et sensibilité (reloul) : Bella. Mais pas une Bella assurée, conciliatrice, dominant de son aura cette union improbable ; plutôt une Bella hésitante, et élevant cette hésitation à un degré quasi ontologique (rereloul). Bon tout ça est assez triste, et surtout plat, mais on peut quand même discerner quelques thèmes dans ces différents Twilight : celui du danger, en grande partie imminent, toujours invisible, sorte de grande ombre menaçante, qui contraint à s'organiser, à engager toutes ses forces dans des dispositifs de vigilance et de sécurité, à prévenir tout risque à l'aide d'alliances officielles... On n'est pas dans la lutte anti-terroriste, mais on n'en est vraiment pas loin. Et le vainqueur de tout ça, c'est l'amour bien entendu, amour dont la quintessence est assurée, rendue nécessaire et concrétisée dans l'odieux et traditionnel contrat de mariage. Twilight, à ces titres, est une oeuvre de son temps : reproduisant sous couvert de nouveauté et de public adolescent tous les travers socio-culturels vieux de plusieurs siècles, tout en insérant consciemment ou inconsciemment - étant donné le talent de l'auteur, je pencherai plutôt pour la seconde partie de l'alternative - une trame normalisante et sécuritaire qui va "dans le sens" des préoccupations éco-politiques contemporaines. C'est non seulement médiocre, mais en plus dangereux... Et pour ce constat, il n'y a pas une seconde d'"hésitation" (et je ne parle pas de la fausse profondeur intellectuelle ou moraliste que ce genre de daube essaye de faire valoir pour elle, à savoir tous ces thèmes qui tournent autour de "tout commence par un choix, soyez libre, devenez vous-mêmes et construisez vous-mêmes votre destin selon votre vérité vraie de votre vraie identité profondément vraie).
Je m'étais amusé avec le premier (mais faut dire que tout se jouait sur le charisme de Robert Pattinson, jeune vampire souriant pailleté d'or et d'argent aux premiers rayons du soleil), ennuyé avec le second (où Robert était absent, donc forcément...) et agacé avec ce troisième (Robert est moins beau, la caméra sublime davantage les muscles de Taylor Lautner et tourne moins autour du flegme de Robert...). Kristen Stewart, elle en tous les cas, est toujours aussi transparente (ce qui fait, avec la médiocrité générale, la deuxième constante de cette série). Je n'ose pas évoquer l'impatience qui m'habite quant à la perspective du dernier opus, séparé en deux pour se faire encore plus de fric...
Bim, 3/20.
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