Après une heureuse première carrière en Région Rhône Alpes, Au-delà des cimes vient déposer sa fabuleuse poussière d'images sur les écrans parisiens ; les Champs Elysées étaient bien paisibles ce soir là, sans bus qui remonte l'avenue, à fendre une foule en délire qui acclame habituellement des footballeurs. Difficile d'innover en matière de film de haute montagne, et pourtant, Remy Tézier a relevé le défi, discrètement, mais avec la même force, détermination et la même humilité tranquille que son héroïne. Très finement écrit et construit, on suit Catherine Destivelle dans ses ascensions, trois parcours qui contournent habilement les procédés habituels du documentaire. On l'entend lors de conversations intimes littéralement captées suspendues au dessus du vide, avec ses compagnons de cordées, superbes moments de partage, d'amitiés solides et franches, de drôlerie (l'irrésistible duo Gaby/Lothar lors pourtant de l'ascension périlleuse de l'aiguille verte). Utilisation ponctuelle formelle très intéressante, subtile et intelligente des images d'archives. Trois trajets qui vont du bas vers le haut, éternel recommencement, dans le même sens apparemment et pourtant abordés différemment, comme trois faces, trois voies d'accès, comme autant de lignes de risque, admirablement rendues. Que peut valoir le moindre effet spécial hollywoodien face à l'à pic des parois des Drus, les crêtes verticales et acérés comme des lames de rasoir du Grand Capucin, et le moment où Catherine et sa sœur Claire se tiennent debout sur la pointe de l'aiguille du Grépon ? Réussite filmique et technique, ce film aura un beau destin. Bravo !!