Far From Home est un métrage peu connu, qui est assez déconcertant. C’est un bizarre mélange, et pour tout dire c’est un film de serial-killer qui, sans très être réussi, m’a tout de même intrigué.
Pour résumer simplement l’histoire, un père et sa fille tombe en panne dans un patelin paumé. Contraint de rester quelques temps il découvre les hôtes du coin, et c’est une galerie de cas sociaux. D’ailleurs dès leur arriver les deux étrangers tombent sur le shérif et un cadavre ! Et pour cause, un tueur est en train de sévir, et va éliminer pas mal de monde. On est clairement entre le film de tueur en série classique et le slasher, dans une atmosphère étrange. L’histoire n’est pas mémorable, surtout que l’identité du tueur ne surprendra pas beaucoup. Et ses motivations restent un peu risibles. Mais, curieusement, ce n’est pas l’essentiel dans ce Far From Home. Le film semble un peu irréel, absurde, décalé, et il se dégage des impressions étranges de certaines scènes. Je pense par exemple à l’arrivée des héros, lorsque la fille trouve le cadavre. Cette séquence est très bizarre. Je pense aussi à cette dernière partie et ce final particulier. De surcroit, sans être très bien écrit, le film est court et rythmé, et il propose son lot de scènes marquantes, suffisamment en tout cas pour maintenir l’attention en dépit de ses limites.
Sur la forme c’est pareil. Le film est déconcertant. Il y a des effets de caméra surprenants, les décors variés, déserts, décrépis et singuliers s’enchainent, jusqu’au final sur une antenne avec une parabole. La photographie et la bande son planante ne sont pas en reste pour surprendre. Il y a d’ailleurs des séquences très réussies, comme celle de la baignoire, et j’ai trouvé le réalisateur inspiré, donnant un vrai style aussi hétéroclite qu’inattendu à son film. Indéniablement, ce métrage a une identité, et il y a de vrais bons moments qui ne s’oublient pas facilement. Et puis il faut avouer que le film baigne dans une ambiance assez poisseuse, avec des séquences violentes, et surtout un érotisme enfantin (Barrymore n’avait que 14 ans), qui pourra déplaire. D’ailleurs ce film, parait-il, a été très critiqué pour cela à sa sortie. Je rassure, même si indéniablement la plastique de Barrymore est mise en avant ici, on reste sur une nudité acceptable.
Car oui, ce film a marqué un des premiers rôles de Drew Barrymore, laquelle a commencé fort tôt sa carrière. Elle campe ici la fille de Frewer, et comme souvent elle est un atout pour le film. Bon, pas uniquement pour son physique, bien qu’elle passe l’essentiel du film en minishort et en maillot de bain, mais aussi pour son jeu. Elle apporte du piquant, de la verve à son personnage, et elle mène bien la danse au milieu des pervers, psychopathes et autres personnes troubles. Autour d’elle, un Matt Frewer convaincant, même si on a un peu de mal vu son physique singulier de le considérer comme le père de Barrymore. Ils ne se ressemblent pas du tout. Et puis il y a, dans les connus, Jennifer Tilly, laquelle tient un petit rôle de soutien, et comme souvent, elle parvient assez aisément à se faire remarquer. Pour le reste c’est correct, avec la présence virile du vétéran Richard Masur. Les acteurs moins connus sont tout de même en-dessous.
Pour ma part, Far From Home n’est pas un grand film, mais c’est une curiosité attirante malgré tout. On pouvait craindre un bête slasher, et finalement par un travail de mise en scène original, par un choix de décors et d’ambiance intelligent, par un casting solide, le métrage se démarque du tout-venant. Si le scénario de Tommy Lee Wallace aurait pu être nettement perfectible, ne serait-ce que pour ménager un vrai suspens, peu existant ici, il serait dommage, si vous êtes amateur du genre, de passer à côté de ce film méconnu, et pourtant honorable. 3