Film historique un brin pataud qui mêle romance adultère, politique d’antan et enjeu sociaux et religieux, le tout à la sauce scandinave, danoise pour être précise. Nikolaj Arcel, ceux qui connaissaient tant mieux, prend les rênes d’un film délicat à aborder, qui finit par atteindre son but premier, offrir une leçon d’histoire sur l’Europe de l’époque Voltaire et des Lumières, tout en divertissant suffisamment pour que le public soit composer non seulement d’aficionados du genre mais aussi de petits curieux avide d’en apprendre un poil plus sur leurs ancêtres européens au tant de l’oppression des pauvres par les seigneurs et de la suprématie chrétienne sur la société, une société de bas d’échelle qui ne sert ici que de leitmotiv au combat mené par le bon docteur, le roi fou, la reine revêche et malheureuse, volage qui plus est. Oui, si l’on peut finalement reprocher quelque chose de concret à A Royal Affair, c’est bien une distanciation maladroite entre la monarchie, la politique, que l’on contemple et le peuple que l’on ne fait que suggérer ou caricaturer.
Malgré tout, le travail d’Arcel n’est pas maladroit pour un sous, surtout lorsqu’il s’agira de décorer, illuminer ses plateaux, d’habiller ses personnages. Si les défauts sont latents, les qualités, elles, sont aussi bien présentes, dans le sens premier ou le film est une formidable reconstitution d’époque, fidèle, soignée et distrayante pour les yeux. Coté script, le tout est un peu laborieux, naviguant entre des personnages qui peinent à se définir, qui pataugent pour un bon nombre au côté d’un Madds Mikkelsen droit comme un i et nettement plus présent que tous ses collègues sur le plateau, exception faite de la belle rêne, aussi magnifique que tourmentée. Oui, si le personnage du docteur, incarné par Mikkelsen, dont je serais incapable d’écrire le nom mange littéralement l’écran, son caractère orgueilleux, son ton salvateur et ses pensées révolutionnaire douteuses égarent d’avantage qu’elles ne force l’attachement à un trouble-fête venu d’en bas et qui gravite les échelons du pouvoir.
Le royaume du Danemark, assimilable, sans doute, au territoire danois actuel, fait d’abord l’objet d’une démonstration de société contrôlée par la noblesse et la religion. Vient ensuite la révolution, tout en douceur, contée ici, qui permettra à ce petit pays d’exploser littéralement pour devenir un havre de paix et de liberté. La tendance s’inversera une nouvelle fois pour finir par rebasculer plus tard, le film ne fait que le suggérer, une génération plus tard. C’est politique, c’est social, donc passablement intéressant, reste qu’une romance, sans doute vraie, vient troubler la lecture d’un récit historique déjà laborieusement mis en scène.
Pour ne pas faire la fin bouche, disons simplement qu’A Royal Affair est une nouvelle démonstration de savoir-faire danois en termes de cinéma. Un petit pays bourré de talents qui montent ou d’acteurs confirmés tels Madds Mikkelsen qui du coup, revient sans discontinuer sur la croisette. Bref, un film pour le moins intéressant qui semble toutefois porté le fardeau d’un travail trop laborieux à l’écriture. 09/20