Devant Cosmopolis, on comprend assez vite pourquoi la note spectateurs est aussi basse. Pas de chance pour les fans de Rob' Pattinson, il joue dans le film le plus difficile de son auteur. D'ailleurs, même chez les fans de Cro', Cosmopolis clive. Les grandes oeuvres sont clivantes. Extrêmement bavard, donc extrêmement cérébral, qui n'a pas peur d'enchaîner les paroles philosophiques et les actes suicidaires inexpliqués, le film est sans concessions. C'est quand Cronenberg se lâche, qu'il oublie totalement la visée commerciale de ses films, qu'il pond ses plus grandes oeuvres, Crash en tête. Comme Crash, Cosmopolis suit un scénario qui casse les codes, il n'y a pas vraiment d'intrigue à proprement parler, et, l'air de rien, derrière les champs-contrechamps, il ouvre une nouvelle manière de faire du cinéma. Un cinéma engagé, formellement, mais sur le fond aussi, car Eric Packer, c'est le capitalisme. On a rarement vu plus belle description du consumérisme que dans ce film, sorti dans ses années les plus sombres. Particulièrement drôle (merci Mathieu Amalric), fondamentalement anti-conformiste et magnifique plastiquement (formidable photo), rapidement désespéré, insensé, comme une machine qui s'emballe on ne sait pas trop pourquoi, on ne sait pas vers où, Cosmopolis est un chef-d'oeuvre, le deuxième de Cronenberg après Crash, le plus grand film de l'année 2012 (oui, même devant l'autre film-limousine Holy Motors), un immense témoignage d'une époque en perte de répère et de sens.