Et bien, si je m'attendais à ça ! D'une certaine manière c'est une nouvelle preuve que les spectateurs ont du mal avec les films radicaux et de ne pas se fier à leurs avis. Il suffit de voir comment sont notés des films récents comme Only God Forgives ou Spring Breakers, c'est ridicule. Et Cosmopolis c'est exactement ça, le concept ainsi que l'hermetisme rebute. Pourtant c'est parfaitement dans la continuité des précédents films de Cronenberg tel que Eastern Promises ou A History of Violence, sauf que là, le film ne cherche pas à divertir, donc l'aspect désespéré, la noirceur et le cynisme passe moins, créer le malaise, d'où la nonchalance des spectateurs.
Ce qui est ahurissant car le film est une accumulation de bons points. Cronenberg propose un film qui dépeint le capitalisme et ses dérives, comme une entité malade au bord de l'effondrement, tout comme ses personnages. Et beaucoup des dialogues du film transpirent de ça, ces personnages qui semblent hors de notre monde, pour qui l'humanité est une vague idée qui leur parait lointaine. Puis il y a cette ambiance déliquescente, tout s'effondre, que ce soit les décors qui se délabrent plus le film avance tout comme l'aspect physique du personnage de Pattinson. Le film est une suite de discussions autour du capitalisme, de son évolution, du pouvoir, mais aussi de la lassitude, qu'il octroie à ceux qui en profite, l'élite. Alors toutes les scènes de se valent pas, certaines paraissent assez fumeuses inutilement alambiquées, comme la dernière scène, qui se rattrape toutefois par le dernier plan.
Surtout que la mise en scène de Cronenberg renforce cet ambiance de fin du monde actuel, elle est claustrophobique, étouffante et opère une vraie séparation visuelle entre les classes sociales, comme dans la dernière scène où un mur sépare physiquement Pattinson et Giamatti lors de leur discussion, même si le plan qui m'a le plus marqué du film s'agit de celui ou Pattinson parle avec un personnage dans sa limousine alors que le chaos et la révolution sont visible uniquement par les fenêtres tandis que le calme règne à l'intérieur de cette dernière et ses occupants semblants être déconnectés de la situation.
Malheureusement le film a un problème de rythme dans sa première demie-heure mais c'est assez insignifiant.
Cronenberg livre avec Cosmopolis un grand film sur le capitalisme et tout ce qu'il englobe, en le dépeignant comme la maladie de la société, et de ceux qui y participe, qui mènera à une révolution populaire, cela couplé à un travail formel irréprochable. Le film souffre de quelques lacunes qui l'empêche d'atteindre le statut de chef d'oeuvre, mais reste indéniablement un grand moment de cinéma et un grand film.