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    Cosmopolis
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    1,9
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    1 108 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 20 août 2012
    A peine sorti en salles le dernier film de David Cronenberg divise déjà l’opinion. Adulé ou détesté, Cosmopolis marque néanmoins les esprits avec le nouveau départ de Robert Pattinson en multimilliardaire froid et distant plongé dans un New-York au bord de l’apocalypse. En compétition à Cannes, le nouveau film du réalisateur Canadien réserve donc son lot de surprises…

    Partez d’une bande-annonce très alléchante et ressortez de la salle de Cinéma avec le sentiment d’être complètement passé à côté du film. C’est l’étrange sensation qu’on vécue beaucoup de spectateurs lors de la sortie du dernier film de David Cronenberg. En effet, il faut dire que son dernier long-métrage laisse un goût amer dans la bouche. Le réalisateur Canadien devait, après un Dangerous Method très décevant, repartir du bon pied en remettant la barre plus haut comme ses précédentes réalisations qui avaient le mérite, elles, de véritablement envouter le spectateur. Cronenberg arrive toutefois à envouter le public, mais à quel prix? Cosmopolis est assez difficile à saisir à cause principalement de la complexité des longs dialogues faussement philosophiques qui englobent l’atmosphère du film. Critiquer le système capitaliste du point de vu d’un milliardaire est une chose, en faire des dialogues abscons en est une autre. Néanmoins, ce sentiment tranche littéralement avec une mise en scène époustouflante. Effectivement, le sentiment d’être pris à l’intérieur de la destruction d’un monde, d’un système apocalyptique est absolument superbe. Limite malsaine mais jubilatoire, cette descente aux enfers s’accorde parfaitement avec le message voulu par le réalisateur. On retiendra les scènes dans la limousine où Robert 2.0 (définitivement excellent) contemple son empire en ruine d’une manière totalement détaché et inquiétante. Ce semi huis-clos, justement, fait véritablement office de force conductrice du film: la tension est immense et le spectateur devient alors inévitablement mal à l’aise devant ce confinement assez irréaliste.

    La claque laissée par la bande-annonce n’aura finalement pas lieu d’être. Bourré d’incertitudes, ce nouveau Cronenberg peine à afficher un visage clair à cause de ses dialogues longs et énigmatique mais n’en reste pas moins un film intéressant où la mise en scène, à elle seule, vaut le coup d’œil.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 18 août 2012
    Je connaissais les films de Cronenberg, mais avec Cosmopolis j'ai été éblouie, intriguée ce film est Magique, Magistral ce n'est pas seulement un film c'est de l'ART. Mr Pattinson est un grand acteur, il est charismatique dans ce film. C'est un film intelligent qui pose des questions qui attend des réponses. Cronenberg a réussi brillamment l'adaptation du roman prémonitoire de Don De Lillo.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 16 août 2012
    film tres conceptuel, mais neanmoins bien maitrisé. Ambiance cahotique et noir, dialogues sans forcement toujours de sens, un film tres contemporain qui sort du lot.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 15 août 2012
    Quelle tristesse de voir tant de critiques négatives autour de ce film parmi les spectateurs Allociné. Sans doute des fans de Twilight attirés par Pattinson et déçu de voir un vrai film... Cosmopolis est envoutant, ennivrant, mystérieux.
    adicte
    adicte

    59 abonnés 700 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 26 septembre 2012
    Je l'attendais avec impatience et... j'ai tenu une demi heure... Je conviens que certains plans sont très beaux, l'ambiance pesante est bien là, le thème abordé (bien qu'il en***** un peu les mouches) est intéressant, mais voilà, ça s'arrête là. Un film d'une lenteur étouffante où tous les acteurs ont l'air morts excepté Juliette Binoche... Je vais pas trop l'enfoncer car c'est l'un des réalisateurs que je préfère mais je sais pas, sur ce coup, il a dû se faire plaisir tout seul.
    Skipper Mike
    Skipper Mike

    85 abonnés 650 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 août 2012
    Film très verbeux, avec des dialogues assez abscons, et pourtant tout est absolument fascinant. Cronenberg peint une ambiance apocalyptique avec des images soignées, relevée par un Pattinson excellent et glacial. Le spectateur se perd un peu et a du mal à adhérer complétement, et l'impression qu'il a en sortant se rapproche du malaise, mais ce film est tout de même un essai très réussi qui atteint parfaitement son but en pointant les dérives inhumaines - mais aussi fantasmées - du capitalisme. Une sorte de "Taxi Driver" version 2012...
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 7 août 2012
    david cronemberg adapte "cosmopolis" de don delillo , et bien c est en fait tres chiant , sans interet , le film reste plutot bien joué (merci paul giamatti) . tres decevant tout ca ... un naufrage.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 6 août 2012
    Ben David, qu'est ce qu'il s'est passé ?? T'as craqué ta pellicule ?? Pas beaucoup de raisons de se réjouir de ce film à part peut être Robert Pattinson qui est très bon !!
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 6 août 2012
    Un film long, bavard, prétentieux. Cronenberg essaye de réitérer la virtuosité de son oeuvre crash mais n'y arrive pas. Au final on a un film mal construit et ennuyeux. Dommage!
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 5 août 2012
    Film incompréhensible mou long malgré de bon acteur encrer dans des personnage assez spéciaux je n'est pas accrocher !
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 5 août 2012
    Un film qui prouve que l'intelligence cinématographique n'est pas donnée à tous!

    Aucun détails n'est là au hasard! Très méticuleux, les dialogues s'enchaînent et n'ont que pour mot d'ordre, entraîner le spectateur dans un profond et sinistre huit clôt dont on ne sort pas indemne.
    Un film qui fait réfléchir, c'est peut être ce qui déplait au spectateur "popcorn"
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 3 août 2012
    C'est de jour en jour plus difficile de parler d'un film qu'on n'a vu qu'une fois. Dans mon souvenir j'ai rarement eu affaire à des dialogues aussi nécessaires que ceux de Cosmopolis. J'aurai sûrement l'air de blasphémer en disant qu'ils côtoient par leur qualité ceux de Persona ou de La maman et la putain (bien sûr aucun lien dans les thèmes...quoique). En ce qui concerne Cosmopolis, justement, je ne crois pas qu'il y ait un message général. Ceci est un avis très personnel, mais je ne crois pas que le rôle d'un film (et d'une œuvre d'art en général) devrait se réduire seulement à délivrer un message, une vérité. A ce moment-là autant faire une dissertation ou un essai et basta. J'attends d'un film une vision du monde (qui est l'inverse d'un message), une expérience poétique et physique.

    Pour en revenir à Cosmopolis. Bien sûr, les dialogues disent quelque chose du capitalisme et de notre époque, en filigrane. Mais ça ne représente qu'une de leurs facettes. Ils impriment aussi l'humeur, le rapport qu'a le personnage avec le monde. Mais surtout, surtout, contrairement à d'autres conversations dans la plupart des films, celles-ci sont irréductibles à un rôle dramatique, car elles sont VIVANTES (c'est en cela qu'on peut faire un parallèle avec les propos entretenus dans les pièces de Beckett, dans lesquelles les personnages ne parlent pas forcément pour dire quelque chose mais pour confirmer qu'ils ne sont pas encore morts, parce qu'il ne leur reste plus que ça, la parole). Dans ce cas, là, oui, les dialogues ne font pas avancer le film. Mais d'abord, ça veut dire quoi un film qui "avance" ?

    (…)D'où cette scène hallucinante, où l'ont voit la limousine secouée de part en part par les manifestants tandis que les personnages à l'intérieur restent impassibles et continuent à discuter tranquillement, comme dans un aquarium. De tout ça ressort une sorte d'onirisme hypnotique auquel j'ai été très sensible. Cronenberg montre tout l'aveuglement du capitalisme face à sa propre autodestruction. Inutile de rappeler que tous ces éléments de mise en scène sont purement cinématographiques donc impossibles au théâtre. En effet, Cosmopolis est un film anti-spectaculaire dans lequel on a l'impression que rien ne se passe mais qui, par sa forme, parle au spectateur. Cronenberg s'inscrit dans une lignée de réalisateurs déceptivistes (après Debord, Duras, Bresson, Akerman) qui décrivent parfois des actions quotidiennes et insignifiantes pour mieux dérouter les attentes des spectateurs. En cela, l'aspect spectaculairement trompeur de la bande-annonce n'est pas anodin. Il emprunte les armes de l'ennemi (le cinéma commercial et son star-system) pour mieux les retourner contre lui. D'où le choix de Robert Pattinson, l'un des acteurs les plus bankable au moment (je ne critique absolument pas l'homme mais l'image qu'on a de lui après les succès de Twilight).

    Les dialogues et l'intonation des protagonistes ne servent pas à faire de l'absurde pour faire de l'absurde mais fait le constat d'un microcosme déshumanisé aux intérêts et buts machinaux et autistes. Hormis le profit et l'enrichissement, l'importance du reste devient relative ; manger ou pas, le sexe devient une pantomime insignifiante et dénuée de désir. Finalement, le protagoniste effectue une quête initiatique dans laquelle il apprend à progressivement sortir (sortie provoquée par sa faillite à laquelle il réagit de manière complètement détachée) de son monde (sa limousine "proustée"), se dénude, se salit au contact extérieur, jusqu'à s'intéresser même à son futur meurtrier.

    Dans Cosmopolis, les dialogues se libèrent de leur rôle dramatique, je le répète, et parfois même se doublent d'un autre sens, obscur. Qui n'a jamais eu l'impression en voyant Crash -pour citer un autre film de Cronenberg que je trouve très proche de Cosmopolis- (même inconsciemment) que l'intention des phrases dites ne recouvrait pas exactement leur sens apparent ? Ce travail de suggestion d'un trouble entre signifiant et signifié est central chez Cronenberg (dans le festin nu, l'exemple de la machine à écrire/insecte). Ce qui peut déconcerter dans son dernier film, c'est que ce travail est dilué, plus diffus, moins explicite et du coup jugé plus cérébral et abstrait. D'où les accusations d'un possible embourgeoisement du réalisateur. Mais il y a contresens, car le bourgeois (pas dans le premier sens évidemment) est celui qui se conforme, qui ne change pas. La nouvelle nature des hybridations des films de Cronenberg prouve son caractère justement constamment changeant (tout en restant cohérent) et sa capacité à faire la révolution dans son propre style.

    Ce n'est pas un film pessimiste à mon avis. A l'inverse de "L'argent" de Bresson où l'homme devient un monstre sous l'emprise généralisée du pouvoir avilissant de l'argent, on a affaire ici à un monstre qui apprend à devenir un homme quand il a tout perdu.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 2 août 2012
    Le roman et le film sont comme deux frères jumeaux déviants, l'un réservé et tranchant, l'autre superbe et vénéneux. Ils partagent une folle histoire d'amour pour un névrosé qui croit pouvoir contrôler le monde, mais s'enfonce inexorablement avec lui dans le chaos. La fascination est cryptée dans les entrelacs du roman de Delillo, mais saute aux yeux dans le film de Cronenberg. Une fascination inouïe pour un vertige sans fin. Le film est lent, dangereux, et bavard. Audacieux en tout cas au milieu de la production internationale.
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 31 juillet 2012
    Film tellement nul que je me sens obligé de le noter même si beaucoup l'on déjà fait. Apparemment ya pas que pendant ma séance que la moitié de la salle est sortie et que l'autre dormais. Au bout d'une heure, j'ai voulu me rassurer en demandant à mes amis si eux ils comprenaient. Ils m'ont rassuré, on avait le même soucis.

    Mais comment on peux mettre 5 étoiles à un film pareil? Et pourtant je sais rester objectif.

    Vive le navet.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 31 juillet 2012
    Critique tirée de mon blog Camera Obscura (http://ombreserrantes.com/)

    Cronenberg n’a pas attendu l’engouement millénariste diffus dans le cinéma contemporain pour projeter dans ses fictions visionnaires le devenir de l’humain au sein d’une société mutante, polymorphe où les cloisonnements rassurants de la pensée occidentale volent en éclats sous les coups de boutoir d’un progrès cauchemardesque: hybridation de l’organique et de l’inerte, épousailles mortelles entre l’humain et le parasite( Frissons), fascination mortifère pour l’au-delà vertigineux du virtuel, qu’il prenne la forme de la télévision ou du jeu de rôle( Vidéodrome et Existenz), autant de motifs qui scandent son oeuvre, et dont, si différents que soient en apparence les choix formels, Cosmopolis semble être l’aboutissement implacable. Soulagement et bonheur que j’éprouve après avoir vu ( à trois reprises, et sans aucun relâchement dans l’intérêt intellectuel et l’admiration éprouvée face à cette épure filmique) cette oeuvre, tant j’étais démobilisé, sinon déçu, du moins circonspect face à ces oeuvres précédentes , perdu dans le labyrinthe hasardeux de ses spéculations un peu vaines, et orphelin face à un pan de son oeuvre, qui, malgré tout le brio de la mise en scène, me semblait en voie de standardisation et de normalisation ( surtout A dangerous Method et même Les Promesses de l’Aube) où je ne retrouvai guère la singularité de sa vision. En sortant de la projection du film, m’est revenu en mémoire un aphorisme de Baudrillard( Cool Memories, que j’avais parcourus il y a de cela de nombreuses années) que je paraphrase de manière approximative: en substance, il serait beaucoup plus fécond de penser que l’apocalypse a déjà eu lieu plutôt que de la rejeter dans un avenir indécis. La fin du monde c’est ce New York mis à distance par la mise en scène de Cronenberg, son prophète c’est ce roitelet à l’hybris pitoyable, petit monarque de la finance, son horizon, c’est la volatilisation du moi et du monde dans un univers où l’homme est un rat pour l’homme. Malgré l’univers horrifique des premières fictions de Cronenberg, l’invasion parasitaire du corps humain, jouet servile de ses pulsions sexuelles dans Frissons, l’aliénation du corps féminin dépossédé de lui-même dans Chromosome III, les héros se débattaient dans la chair du monde. Cosmopolis présente l’après- Vidéodrome, c’est-à-dire la dissociation absolue entre l’homme et son corps, le monde et lui-même.
    Le réalisateur, bien loin des outrances baroques de ses premiers films, épure la narration et le langage cinématographique en construisant un film d’une densité exceptionnelle. Soit une limousine, habitacle revisité et substitut dérisoire du palais du roi du monde, attribut dégradé, quasi-autarcique, d’une aristocratie sans grandeur, ni transcendance, dans un univers où, après le mort de Dieu, l’humain a vécu ses derniers instants. Comme nous de lui, il est séparé du monde par un écran clivant qui réduit les lieux et les être qui défilent à de simples images animées, les reléguant au statut d’objet, au sens étymologique et les frappant d’irréalité( la manière dont la construction de l’oeuvre semble être la métaphore de notre propre rapport à la fiction pourrait et devrait être l’objet d’une autre analyse mais il n’en sera pas question ici). Le travail sur le son, oeuvre de Nicolas Becker, en tout point remarquable, fait du véhicule une « limousine proustée », où tous les bruits de l’extérieur sont assourdis, flirtant avec le silence, anesthésiant notre rapport sensible avec le monde qui défile, et métamorphosant peu à peu la voiture en un tombeau où évolue un vampire moderne en quête d’une illusoire immortalité ou d’une éternelle jeunesse qu’il croit puiser dans l’instrumentalisation de l’autre ou dans la croyance en une maitrîse absolue sur son corps( le choix du Pattinson, acteur emblématique du daubesque Twilight n’est sans doute pas innocent, même si Cronenberg, qui voulait certes choisir Farrell au début, s’en défend). Parallèlement au travail de post-synchronisation, le choix du réalisateur de filmer les rues de New-York en studio( il est vrai que la 47ème rue n’existe plus) en utilisant la transparence ( procédé de surimpression) redouble l’impression d’artificialité de la représentation qui fonctionne comme une métaphore d’un monde envahi par le factice et l’inauthentique.

    Maîtrise, contrôle, pouvoir: vanitates vanitatum que le regard du réalisateur va déconstruire magistralement. En apparence, le cadre est régi par les données cartésiennes d’essence géométrique, témoin la multiplication des horizontales et des verticales qui le structurent, lui conférant l’allure d’une toile abstraite, avec une dominante monochrome comme dans certaines toiles de Rothko( convoqué au générique et dessinant ainsi un horizon d’attente signifiant); mais tout cela n’est que surface et, en profondeur, Cronenberg reste fidèle à lui-même, travaille la matière même de l’image, multiplie décadrages, varie les focales, fait de cet espace encratique un lieu lui-même mutant, instable, mouvant, il met en mouvement la matière inerte, jouant avec la profondeur de champ, faisant de la dureté du métal du véhicule une réalité organique insaisissable ( pensons à cette scène où Binoche se vautre dans une position reptilienne dans la limousine et où la caméra, par la démultiplication des prises de vue , explore les profondeurs du cadre, prolongeant ou courbant les lignes, dématérialisant pour ainsi-dire le lieu dans une impression de ductilité hallucinée, on pourrait multiplier les exemples.)

    A ce phénomène va correspondre une porosité croissante entre intérieur et extérieur et une progression du centre du pouvoir( New-York et ses lieux aseptisés) vers la périphérie urbaine, où les marques de la décomposition organique vont proliférer: crasse, laideur et misère. Au cours du film, l’armure motoriséee perd de sa superbe, attaquée par des jacqueries anarchistes, annonciatrices de la dévaluation de toute chose et de la destruction de cette Babylone moderne, taguée de toutes parts, ce n’est plus le fier étalon du début du film, prolongement viril et hyperbolique du corps d’Eric, mais la chair faible et mortelle d’un corps en pleine déréliction: agressé par les coups de bélier de l’autre dont il s’était séparé volontairement par une stratégie d’hyper protection et d’instrumentalisation, c’est dans la scène de l’entartage, pure parodie carnavalesque qu’ émerge alors l’absurdité universelle, déjà anticipée par la récurrence de l’image du rat, valeur terminale d’une infra-humanité dont il n’est que le double derrière la lisse panoplie interchangeable du golden boy. Le prétexte narratif du film était la volonté du héros d’aller rafraîchir sa coupe de cheveux alors même que New-York devait recevoir la visite du président des Etats-Unis, personnage dont il connait à peine l’identité comme si le pouvoir politique s’était lui-même volatilisé, réduit à une figure abstraite ou cérémonielle et rejetée à l’arrière-plan de la narration. Non, l’objet central du désir d’Eric est cette coupe de cheveux, relecture absurde du divertissement pascalien réactivant l’intertexte fameux: » un roi sans divertissement est un roi plein de misères ». Anesthésie du corps et de l’âme auquel répond l’angoisse de la finitude, refoulée en permanence mais s’accentuant au fur et à mesure du film notamment dans la scène du check-up quotidien auquel le personnage s’astreint et qui s’édouble d’une obsession pathologique pour une vision comptable et hyper-rationnelle de l’existence: c’est là qu’il faut aborder le dialogue avec la femme qui a pour fonction d’être son maitre théorique, ordonnatrice de concepts en apparence opératoires qui éludent pourtant la composante essentielle de l’humanite, le hasard, le désordre et l’irrationnel( composantes essentielles qui sont exprimées ou plus exactement somatisées dans la prostate asymétrique du héros ou le bouton qui doit seulement s’ »exprimer ») dans un monologue verbeux qui juxtapose un sous-discours philosophique dont le thème structurant est le rapport au temps. Etrange dialogue qui s’instaure alors, aux résonances augustiennes, sur la décomposition du temps en segments infinitésimaux, symptômes du mal du siècle consistant dans l’illusion de la maîtrise absolue de la durée, autre avatar de l’angoisse de la mort. « Ainsi nous ne vivons pas mais nous espérons de vivre »…c’est pour avoir oublié cette sentence janséniste de Pascal qu’Eric sera conduit à sa propre perte, confronté à son ancien employé dans une banlieue interlope new-yorkaise: cette scène, filmée presque en temps réel, terrible, confronte Eric à son propre néant. Dans cet homme pourtant plus vivant que lui-même, Eric trouve quelque chose qui pourrait être son propre miroir à la vision de laquelle ne peut succéder que sa propre destruction.

    Cronenberg, par-delà une austérité apparente et une rigueur formelle qui a pu amener certains critiques à le taxer de formalisme vide, sublime les obsessions de ses débuts qu’il revisite d’une manière infiniment plus terrible et désespérée. Il sculpte ici un diamant noir dont l’éclat enténébré éclaire atrocement la réalité de notre monde.

    Mon blog ciné Camera Obscura : http://ombreserrantes.com/
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