La philosophie c’est bien 10 minutes, après…
Cosmopolis est le genre de film qui pousse chaque personne à s’interroger sur le sens de la vie, sur nos actions, sur nos attitudes… sur à peu près tout j’ai envie de penser. On ne va pas voir Cosmopolis en attendant de l’action, de la vitesse ou je ne sais quoi d’autre. C’est dur d’écrire cela, alors que la bande annonce du film tente de nous distiller d’autres informations pour vendre le film : énormément d’action, le film n’arrête pas de bouger, il y a des morts et du sexe… bref de quoi contenter la plupart des gens qui souhaitent voir ce style de film… Mais que nenni, Cosmopolis est bien plus profond dans son âme que les réalisateurs ont voulu nous faire croire en 2 minutes de teasing. Chacun est ainsi libre de se faire son propre avis en sortant de la salle.
La salle… Parlons en quelques instants. Voilà bien, bien, bien longtemps que je n’avais plus vu de personnes sortir de la salle avant la fin du film, une bonne dizaine sur la centaine que nous devions être (et encore, certains ont du se retenir, attendant un véritable dénouement… mais non). On peut aussi noter la réaction des gens à la fin du film (s’agissait-il d’une fin ? j’ose à peine le croire…) : un rire nerveux, comme si Cronenberg venait de se moquer d’eux pendant plus de deux heures, sans véritablement faire un film, juste une énorme blague pour philosophe averti.
Mais quelle est cette blague ? Il s’agit de l’histoire d’un jeune homme riche, à ne plus savoir quoi faire de son argent. Cet homme possède une voiture… voiture où se déroulera la quasi totalité du film. Il ne souhaite qu’une unique chose : aller chez le coiffeur, même si cela implique devoir traverser une ville en ébullition et risquer de mourir. Sa voiture est à l’image de sa vie : chaotique. On y verra alternativement son travail, ses loisirs sexuels, ses rendez-vous avec son docteur (et sa prostate asymétrique), etc. Le tout, en traversant toujours une ville connaissant des émeutes dirigées par des rats géants, et où le président est en danger de mort. Mais l’important est de se rendre chez le coiffeur pour une nouvelle coupe. Je m’arrête la, la suite est considérée comme du spoil, et je préfère vous laisser le plaisir d’aller vous délecter de la magnifique fin de ce film… (ou pas)
Les textes sont longs, les scènes sont lourdes… mais l’on note quand même une qualité de mise en scène hors norme, très intéressante et visuellement magnifique. De plus, le jeu des acteurs avait son côté si juste par rapport à l’ambiance du film, qui, même si l’on n’a pas aimé le film pour ce qu’il est, nous permettait de l’apprécier pour le rendu fait par les acteurs. Et, ce point, même négligeable compte tenu de l’ensemble, est à souligner fortement. Certes, je n’ai pas « aimé » Cosmopolis, mais cela ne signifie pas pour une fois que ce dernier est à jeter à la poubelle. Je pense que ce film s’adresse à un pan de la population bien précis qui pourra vraiment comprendre l’ensemble de la philosophie derrière les textes.
Le rythme est lent, même très lent dans Cosmopolis. C’est je pense cette lenteur qui m’a le plus choqué au final dans le film, car celle-ci nous endort presque, ne nous permettant pas de nous accrocher à quelque chose de vivant, comme si nous n’avions que des morts face à nous. Le fil conducteur est obscure dans le film, et les répliques où les personnages se renvoient uniquement des questions est perturbant, ne nous permettant pas de faire de liens, comme si chaque phrase était sortie de nul part, et avait pour but principal de nous faire réfléchir à une grande question de l’Univers…
En définitive, c’est à chacun de se faire son idée sur Cosmopolis pour réellement dire si ce dernier est bon ou mauvais. Je le classe pour ma part dans les films où j’ai failli partir en plein milieu de séance, malgré un rendu visuel époustouflant. A vous de vous faire votre propre idée sur la question, la mienne est que je le conseillerai bien à une personne que je n’aime pas trop :)