Le nom d'Ang Lee semblait être la caution pour un spectacle convenable, malgré l'embargo total sur les critiques presse, presque toujours synonyme d'œuvre sans intérêt. Malheureusement, il faut croire que le deuxième critère est devenu beaucoup plus fiable que le premier, car « Gemini Man », ce n'était vraiment pas terrible. Certes, le réalisateur de « L'Odyssée de Pi » connaît son boulot et emballe ce divertissement honnêtement, notamment lors d'un premier tiers assez banal, mais agréable et plutôt bien mené, la présence de la charmante Mary Elizabeth Winstead n'y étant pas non plus étrangère. Seulement, lorsque ce qui est censé être tout l'intérêt de votre scénario devient son gros point faible, c'est qu'il y a un souci. Alors je suis au courant : le film a surtout été vendu comme une expérience visuelle unique, usant d'un nouveau procédé technique (en l'occurrence la High Frame Rate), augmentant le nombre d'images par seconde pour offrir un visuel plus stimulant aux spectateurs. Encore aurait-il fallu que cela soit sensible à l'écran, car hormis une technique plutôt solide et des effets spéciaux, notamment ce clone rajeuni, assez convaincants, je n'ai vraiment pas vu de grandes différences quant au tout-venant hollywoodien, vite fatigué de ces scènes d'action soit trop longues, soit tournant à vide, apparaissant surtout pour combler la pauvreté d'une histoire sans grand intérêt. Pire, Will Smith (car ne nous leurrons pas, des choix aussi aberrants viennent forcément de lui) s'est manifestement immiscé dans la production pour donner à cet « affrontement » avec lui-même
une tournure risible, pleine de bons sentiments et de grands discours sur la famille, la relation père-fils
... Bousillant au passage les nombreuses pistes aussi complexes que stimulantes que ce « Smith vs Smith » aurait pu offrir. Bref, sur un sujet a priori porteur, Lee se « contente » d'utiliser une nouvelle technologie au service d'un scénario n'exploitant absolument pas son potentiel, pire : le transformant
dans sa dernière partie (voire avant) en fable américaine bien-pensante
: les années 80-90, si prolifiques en bons films d'action, semblent déjà loin...