Attention, cet avis comporte ce genre de
2019 et non, désolé, les clones ne sont toujours pas des copies de leur modèle. On peut cloner des caractéristiques physiques ou des prédispositions génétiques mais pas des personnalités (ce truc plein de souvenirs). Alors on peut toujours cloner Nelson Mandela ou Staline, sans les parcours de vie qui vont avec (ancrés dans une époque et un contexte), ils ne feront jamais les mêmes choix que leur modèle.
ou
Will Smith capable de viser la gorge de soldats cuirassés à plus de 50m? John Wick peut aller se rhabiller. Ou refaire un film parce que c'est plus drôle quand ce n'est pas aussi facile.
Vu en 3D. Paraît-il, le film est une débauche technique. Dont acte. A l'écran, on croirait que le film est tourné en DV (comme chez Mickael Mann (Collateral, Miami Vice ou Hacker)). Pour mon cerveau, ce type d'image amplifie le réalisme et donc paradoxalement l'irréalité de la fiction. En clair j'ai eu l'impression de regarder le documentaire du tournage d'un film d'action. Et d'un pas très bon. La 3D n'arrange rien. Chaque plan a été composé pour la stéréoscopie. Certains relèvent du gadget mais apporte un peu de nouveauté (le train en fish eye ,l'eau). Mais la plupart du temps la profondeur de champ est telle qu'on a l'impression d'une vilaine incrustation des différents plan à l'intérieur de l'image (surtout en hyperfocale). Un artifice de plus. Un comble vu le nombre de décor naturels employés. Quand, de surcroît, le réal se borne à filmer en plans taille des personnages qui échangent des banalités, on se croirait dans un mauvais soap. Car non, aucun dialogue ne fonctionne (sauf les 2 vannes d'un personnage secondaire) et la direction d'acteur pose question tant les personnages n'ont rien à raconter (sauf dans les gros plans visage en 3D où l'émotion prend du volume). Dans ce scénario incohérent, il n'y a rien à sauver ni dans la façon dont l'intrigue révèle sa propre prévisibilité ni au niveau des thématiques abordées par-dessus la jambe, ni dans les personnages trop simples et lisses. Enfin la palme de l'artificialité revient évidemment au clone et à son visage synthétique qui ne trompe personne du fin fond de la vallée de l'étrange. Et puis il y a les séquences d'action, raison d'être des productions Bruckheimer et démonstration de la virtuosité d'Ang Lee. J'ai beau avoir l'impression de regarder des cascadeurs tourner un film (les impacts de balle se ressemblent à ce qu'elles sont, des micro explosions dans le décor), je reste scotché au siège. Ici, nulle volonté de shaky cam, de cuts commodes d'un raccord à l'autre mais une vertigineuse fluidité des chorégraphies et des mouvements. Seul bémol, les CGI (effets spéciaux) très voyants donc assez laids notamment lors du combat de Bike-Fu, par ailleurs plutôt marrant. Alors bien sûr, Ang Lee n'est pas le tacheron de l'année. Son cinéma d'auteur est calculé. Alors pourquoi autant de bizarreries? Certains voient à travers le personnage de Clive Owen une critique en creux d'Hollywood et à travers celui de Will Smith une mise en abîme. Mais, peut-être le réal. expose-t-il à travers cette coquille vide, non pas la critique du seul remplacement des acteurs par leurs avatars numériques mais surtout le désintérêt d'Hollywood pour la construction de récits au profit de la prouesse technologique comme seule fin et moyen de l'existence d'un film, vide de sens et de fun. Quand la forme est aussi désagréable que le fond, c'est que l'oeuvre est réussie, non?