Un traqueur de rêves est devenu un fugitif. Sa dernière chance de ne plus l’être est de réussir à implanter dans le cerveau d’un héritier l’idée qu’il doit détruire l’empire que son père va lui léguer.
Un œuvre colossale, tant par la durée que par la complexité. Côté technique, de somptueux effets spéciaux, d’étonnantes images, et un entrelacement de séquences assez virtuose. Côté récit, il ya du James Bond dans l’air et du meilleur, dans les scènes de poursuite ou d’attaques de repères dans la neige ; par moment on est d’ailleurs pas loin du plagiat. Et puis il y a le sujet proprement dit : cette entrée par effraction dans les esprits, une théorie qui suppose une présentation longue, et elle l’est, laborieuse, et elle l’est oh combien, et puis franchement, on n’y croit pas une seconde. Une fois dans les rêves, il convient d’être très attentif, car l’on bascule sans crier gare entre trois niveaux (le rêve, le rêve dans le rêve, le rêve dans le rêve lui-même dans le rêve) pardon quatre niveaux, si on ajoute le niveau du réel. Accrochez-vous ! Mais l’ensemble est géré avec une telle maestria que c’en est par moment suffocant. Par moments seulement hélas, car il faut aussi supporter des mièvreries, de vraies longueurs, des éléments de scénario abracadabrants, et un discours convenu sur la dualité réel-imaginaire. Côté acteurs, Cotillard est parfaite, sobre et émouvante, Di Caprio se défend, mais il n’a pas le profil d’un homme tourmenté comme est supposé l’être ce Dom Cobb. Et puis il y a Ellen Page, une sorte de Pierrot lunaire qui s’efforce de bien faire, ne réussit pas, et ferait mieux de changer de métier. Les autres sont bien dans leurs rôles, efficaces et adaptés.
On ressort de là sonné, n’ayant pas tout intégré, pas tout apprécié, mais certain que Nolan est un vrai cinéaste, qui sait créer, à l’instar de Fellini, des moments magiques. Et la toupie en métal tourne, tourne, tourne, sans que l’on sache si elle va ou non s’arrêter, sans que l’on sache donc si l’on est dans le monde réel, où elle finira par choir, ou bien encore dans ces rêves matriochka où le mouvement est perpétuel : une bien belle idée de conclusion.