Un film d’une bêtise abyssale, au scénario complètement abracadabrantesque qui confine à la débilité.
De quoi s’agit-il? D’un type qui entre dans les rêves de ses victimes pour leur voler un secret quelconque. Passe encore, après tout, c’est de la SF. Encore que l’on sait très bien que l’univers onirique est totalement étrange, irrationnel, déroutant, alors que dans le film, il n’apparaît que comme une sorte de sous-niveau du monde réel, fruit de l’imagination d’un architecte.
Le film donc : Cobb (tel est le nom subtil de notre héros) se voit confier une mission par un méchant asiatique, à qui il avait pourtant essayé de soutirer un document confidentiel dans un rêve : implanter une idée dans l’inconscient d’un riche concurrent industriel. Une noble mission qu’il s’empresse d’accepter, car le pauvre homme, recherché par la police, aimerait revoir ses enfants. Très émouvant.
Le rêve dans lequel le héros et ses compères trop cool vont s’introduire doit être construit, conçu, imaginé par un architecte (ne demandez pas comment, ce n’est que du cinéma). Une architecte en l’occurrence, sélectionnée pour sa capacité à dessiner des labyrinthes très rapidement sur un bout de papier. Cobb va l’initier aux techniques de l’esprit permettant de modifier l’univers des rêves partagés. Rien que ça.
Mais rapidement, on se rend compte que Cobb (qui a toujours un air grave et pénétré qui convient à la situation) est nerveux. Très nerveux même. C’est qu’il cache un terrible secret : son subconscient est perturbé par le souvenir de sa femme (interprétée par la magistrale Marion Cotillard), décédée à la suite de rêves partagés ayant entrainé une confusion mentale. Dans une scène poignante, celle-ci saute effet depuis le balcon d’une chambre d’hôtel, tout en ayant eu la présence d’esprit de prendre des dispositions auprès de son avocat pour faire accuser l’homme qu’elle aime.
A mesure que le film passe, on va ainsi de trouvailles en trouvailles.
Cobs et ses compères trop cool vont ainsi descendre au plus profond du subconscient de leur victime (Fischer), jusque dans la troisième strate onirique, là où les heures deviennent des années, où la mort n’est plus un échappatoire (ce serait trop facile !) mais plonge infailliblement le courageux extracteur dans un espace onirique inquiétant appelé « les limbes, où poireaute la mystérieuse Male avec son couteau de cuisine finement aiguisé ; là enfin où les lois physiques sont mystérieusement chamboulées (ba oui, pendant qu’on y est…), ce qui occasionne des scènes finalement très drôles, comme celle où les gentils extracteurs combattent de méchants snipers (projection du subconscient de Fischer qui a plus d’un tour dans son sac !) dans un couloir d’hôtel en courant sur les parois - un peu comme dans Matrix, référence à peine voilée de cet autre grand chef d’œuvre du cinéma américain ! Comprenne qui pourra.
Dans ce film au scénario décidément très inspiré, le grandguignolesque finit par faire rire. La palme revient sans doute à ce dialogue sans queue ni tête entre Cobb – qui se trouve désormais dans les limbes de son subconscient - et sa femme Male. Il lui lance, l’air bouleversé : «Je ne peux pas rester avec toi. Je ne peux plus t’imaginer dans toute ta complexité, dans toute ta perfection, dans toute ton imperfection», pendant que Fischer, qui se trouve sur le balcon du gratte-ciel on ne sait trop pourquoi ni comment, est secouru par l’architecte, et que parallèlement, un terrible compte à rebours est lancé au niveau un et deux du monde onirique. Cette fois, c’est trop : on est pris d’un franc éclat de rire.
N’en jetez plus ! Ce film, qui se veut une fable philosophique sur l’indistinction entre le rêve et à la réalité, n’est qu’une addition de bêtises sorties tout droit de l’imagination délirante d’un scénariste qui n’est pas à son coup d’essai.
Honte à tous ces critiques de cinéma (travaillent-ils seulement en toute indépendance ?) qui ont encensé à l’unanimité (à l’exception de Télérama) cette bouillie infecte et stupide qui participe d’une certaine décadence de la société.