Ma première fois avec "Inception" ça devait être à 13 ans, à l'époque ou "The Dark Knight" était mon film préféré, je m'en rappelle comme si c'était hier, vous savez ce genre de moment ou on aime un film sans y avoir pané quelque chose. Mais en tout cas j'étais vraiment scotché par toutes ces intrigues et ce plan final qui se révélait pour moi extraordinairement intrigant et fascinant. Puis je continuais à le revoir, encore et encore. Au total je ne sais pas combien de fois j'ai due voir ce film et si je pensais avoir compris l'intrigue, je me suis rendu compte à mon dernier visionnage qu'il était le film le plus Nolanien.
Moi et Christopher Nolan on s'aime bien, mais c'est tout, je n'ai jamais vraiment compris l'adoration que les gens avaient pour ce type, il n'est pas un metteur en scène exceptionnel, au contraire ses films ont une cinématographie ultra classique, il y a rarement de l'inspiration sauf peut être dans "Memento" et "Le Prestige", Nolan c'est surtout un réalisateur qui cherche le réel, parfois trop d'ailleurs, ce que j'aime le moins chez lui c'est que ses films sont gris, aucune couleur, aucune vraie vie ni imagination… je ne trouve pas ça très rafraichissant. Non, Nolan est surtout un grand auteur, un homme dont l'obsession est la frontière entre le réel et le non réel, et c'est là que je vois "Inception" comme son film le plus personnel, pas parce qu'il a mit 10 ans à le faire aboutir mais parce que c'est celui qui mélange le mieux ces codes oniriques auxquels je trouve le cinéaste très attaché, avec ces faux twist, cet aire trompeur, cette absence total de repères.
Si il n'est pas très lucide et encore moins ludique "Inception" reste très moderne, Nolan donne à cette mise en abime quelque chose de profond mettant en alliance personnages tourmentés et sous intrigues cruciales en ajoutant au tout "le monde des rêves". Là est la réussite du film et pour une fois qu'il est inspiré Nolan part dans un léger délire, les scènes oniriques sont magnifiques, on citera le plan très connu ou l'on admire Paris qui se plie en deux, une vue du ciel depuis la terre ferme, la séquence ou Ellen Page et Leonardo DiCaprio se regardent dans deux miroirs opposés créant une sensation d'infini, celle ou ces deux mêmes protagonistes se retrouvent au milieu d'un café qui explose (ultra jouissive cette scène) et bien sure la fusillade qui explose dans l'hôtel ou Gordon Levitt … lévite. Le plus intéressant est de voir cette obstacle entre la réalité et le rêve, facile d'accès et pourtant impénétrable, quelque part on pourrait penser que nous sommes la toupie, nous décidons si les personnages sont dans le monde réel ou pas, le film dépend de nous autant que de cette toupie, nos cerveaux tournent en rond dans cette histoire mais depuis mon dernier visionnage je pense que cet objet est bien une métaphore du spectateur ne sachant pas si il va tomber ou pas.
Le film emploie une quantité folle de niveau de lecture, parfois redondant mais souvent innovant il nous porte de manière fluide dans une réflexion métaphysique cachée sous une romance finie, elle même cachée sous un déluge d'action, lui même caché dans cette enveloppe temporelle brouillant nos pistes et nos esprits songeant à la matière de ce film. Le plus épatant est la cohérence quasi sidérante entre les différentes trames magnifiquement développée, le temps qui déraille, les repères inexistants… d'ailleurs Nolan qui en profite pour nous entrainer dans des mondes totalement inconnus inondés par le mystère, c'est souvent cet aspect qui m'a fait trouver le film captivant. En plus avec la carte du rêve Nolan peut inventer des mondes avec sa propre imagination, après c'est dommage que ça reste trop réaliste mais l'ambiance est toujours là, train en pleine rue, ville faisant office piège malin avec des allures de labyrinthe dans un esprit coincé dans son propre piège.
N'oublions pas les acteurs, Nolan qui se paye un casting à étoile filante, Leonardo DiCaprio nous fait du Leonardo DiCaprio, il est bien dirigé, se glisse bien dans la peau de Dominique Cobb (qui quelqu'un pouvait m'expliquer une possible origine de ce nom plutôt étrange ?) mais ça ne va pas plus loin, le reste se porte bien, surtout Joseph Gordon Levitt qui (pour une fois) est vraiment excellent et élégant, mention spéciale aussi à Tom Hardy et Elle Page dans les rôles secondaires.
Après le film a ses défauts plus conséquents, la BO de Zimmer n'est pas très belle à part quelques morceaux comme "Time" et elle est surtout très assistante et répétitive. Après c'est franchement trop pathos, les enjeux sont trop minuscules par rapport au reste de l'intrigue, la séquence de fin laisse également sur sa fin démontrant que le film se résume à une bague, je trouve ça titre comme idée de résumer un film à des objets, si seulement la construction était ludique ça aurait été génial mais là non c'est juste commun.
Bref, dure de trouver un film qui m'aura autant marqué étant adolescent. Même si au fil des visionnages et du temps qui passe j'aime "Inception" de moins en moins mais il reste pour moi un film spectaculaire dont on ne peut pas renier l'ambition. Peut être même un grand film.
PS : Ce film à largement contribué à mon amour pour le septième art.
PS2 : Niveau films sur les rêves "Mulholland Drive" (David Lynch), "Ouvre Les Yeux" (Alejandro Amenabar) et "Dreams" (Akira Kurosawa) sont bien meilleurs je trouve.