Le moins qu’on puisse dire, c’est que le scénario est original. Je ne m’attendais pas à un tel sujet, ne m’étant intéressé ni au pitch ni à la bande annonce, comme à mon habitude. "Inception" fait partie de ces films qu’il faut suivre avec la plus grande attention, sans être dérangé par quoi que ce soit d’autre (téléphone, visite impromptue, ou je ne sais quoi d’autre), au risque de perdre le fil. Vous devez également éviter d’être fatigués, au risque de décrocher au point de ne plus savoir où vous en êtes entre rêve et réalité. Car c’est de ça qu’il s’agit : aller fouiner dans les rêves contenus dans le subconscient pour rendre les données concrètes, donc réelles. Oui, je sais : c’est tordu. Tordu et compliqué. A tel point qu’on ne sait pas trop discerner le vrai du faux. Mais l’intrigue est si bien menée, que le spectateur, qu’il adhère ou pas au sujet, va chercher les clés pour les trouver, en étant mis (ou presque) au même niveau que cette équipe hors du commun. Le réalisateur a un talent indéniable pour réussir à garder le spectateur devant son écran jusqu’au bout, avec cette force de narration particulièrement immersive, pour le coup pourvue de bon nombre d'explications pour rendre le tout d'une limpidité assez étonnante malgré la complexité du sujet. Un sujet pourtant casse-gueule, sur lequel un certain nombre de cinéastes s’y seraient cassé les dents dessus. Pourtant Christopher Nolan n’hésite pas à brouiller les pistes pour garder cette notion d’espionnage industriel qui sert d’outil de mise en place de l’intrigue. Car il n’est pas difficile de comprendre que l’espionnage industriel, quelle que soit la manière dont il est pratiqué, est illégal, notamment lorsqu’en plus vient se rajouter un problème d’éthique. Donc quand de telles missions viennent à échouer, il semble logique que les protagonistes soient grillés, à tel point que leur propre vie pourraient même se trouver menacées. "Inception" est donc une œuvre grandiose dans sa complexité, et je crois qu’on peut féliciter Christopher Nolan (puisqu’il a aussi écrit le scénario) d’avoir réussi à glisser de l’intimité (notamment en ce qui concerne le personnage principal) dans le récit sans perdre et/ou désintéresser le spectateur. Outre la réalisation toujours impeccable du talentueux cinéaste, "Inception" est porté par un casting d’exception, avec Leonardo DiCaprio en tête d’affiche. Ce dernier s’impose de plus en plus comme un incontournable : plus les années passent, et plus il parvient à afficher un panel de plus en plus large de sentiments à ses personnages. Dans le casting figurent d’autres noms bien connus, des véritables stars du 7ème art qui auraient pu intimider la canadienne Ellen Page. Eh bien non ! Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’est pas une débutante et est même très active. Elle est expérimentée, et ça se voit car elle tire son épingle du jeu avec brio, ce qui n’était pas aisé dans le sens qu’elle constitue le pivot de cette histoire un peu folle. Et que dire de la partition de Hans Zimmer ? Sans faire de jeu de mot facile, je crois qu’il a composé une musique de rêve tant elle accompagne à merveille le film, portant à la fois le suspense, renforçant le côté spectaculaire, et décuplant la dimension émotionnelle de l’histoire. Avec le recul, et après avoir vu "Inception", il semble qu’on ne peut dissocier ce long métrage ni de Christopher Nolan (à la fois réalisateur et scénariste), ni de la paire DiCaprio/Page, pas plus que de la composition de Zimmer. Alors "Inception" : rêve ou réalité ? fantaisiste ou réaliste ? Je crois que c’est un peu des deux, en parfait équilibre entre les deux concepts, quelque part entre le genre fantastique (voire science-fictionnel) et le genre plus… terre à terre. Alors, qu’on aime ou pas le sujet, et je comprends qu’on puisse ne pas aimer tant cela porte sur des choses encore mal connues à ce jour et qui ouvrent à bien des hypothèses pour certaines abracadabrantesques, on ne peut être qu’admiratifs devant la qualité de construction de l’histoire.