Tiré du best seller de Yasmina Khadra, c'est avec une certaine appréhension que l'on attendait Ce que le jour doit à la nuit. Appréhension confirmée par les premières critiques, qui présentaient le film comme larmoyant, "nian-nian à souhait"... Ça tombe bien, le nian-nian, j'adore ça! Oui mais voilà, pour être réussi, il nécessite d'être bien joué et bien ficelé, et si la première condition est plutôt remplie, c'est très loin d'être le cas de la seconde.
Pour ceux qui, comme moi, n'auraient pas lu le livre (même si j'aime beaucoup Khadra), Ce que le jour doit à la nuit raconte comment dans les années 1930, Youssef, 9 ans, est confié à son oncle, pharmacien à Oran, après que son père ait perdu ses terres à la campagne.Son oncle et sa tante(une française) profitent de la clareté de sa peau pour le rebaptiser Jonas.C'est alors qu'il fait la connaissance d'Emilie qui suit les cours de piano que donne sa tante.Mais très vite, Jonas(ou Youssef, on ne sait plus), doit partir à Rio Salado car son oncle est suspecté d'activités indépendantistes.
Tout d'abord, s'il y a un reproche a adresser au film, c'est sa longueur.Le film ne débute réellement qu'une heure avant la fin(au moment où Emilie, qui avait disparue après 1/4 d'heure de film, revient subitement), et c'est tout juste si la première heure et demi n'aurait pas pu être carrément supprimée.
Pour le reste, c'est extrêment brouillon. Madame Cazenave (Anne Parillaud), vient un jour troubler le quotidien de Youssef (Fu'ad Ait Aattou) et de ses amis , puis repart aussi subitement qu'elle était venue (cela devient vite une exaspérante habitude tout au long du film).Mise à part ces quelques minutes, cette première heure et demi ne fait donc que dépeindre (laborieusement) le quotidien de Jonas et de ses amis français, avec en fond très (trop) lointain les prémices de la guerre d'Algérie.
Revenons donc sur la partie “interessante” du film : celle où tout s'embrase. Premièrement, avec le retour d'Emilie (campée par une éblouissante Nora Arnezeder) débute l'intrigue principale : celle de sa relation avec Youssef/Jonas (qui semble devoir absolument passer par une relation avec les autres membres de la bande dudit Youssef).Malheureusement, cette relation là apparait comme peu crédible et surtout beaucoup trop artificielle, le scénario la complexifiant pour rien.
La deuxième intrigue, c'est (à 20 minutes de la fin du film, il était temps) la guerre d'Algérie, qui reste encore une fois beucoup trop au second plan.Saluons néanmoins la performance de Vincent Pérez ainsi que l'un des rares bon points du scénario : le conflit n'est pas présenté de manière manichéenne comme on avait pu s'y habituer dans les (trop rares) films qui traitent de la période. Malheureusement, ce dont il aurait fallu faire le sujet principal du film arrive bien trop tard et se termine bien trop rapidement.
C'est donc une grosse déception que cette adaptation de Ce que le jour doit à la nuit.On a l'impression d'assister au premier brouillon d'un film qui aurait pu être interessant, mais qui aurait mérité d'être écourté, fignolé, et dont l'axe principal aurait du être redéfini. Si la performance des acteurs (notamment celles de Nora Arnezeder et de Vincent Pérez ) , les fresques et la bande originale sont à saluer, le reste est à oublier rapidement.