Le premier film de Zakia Tahiri est une bonne occasion de connaître un peu mieux la société marocaine. C'est une comédie gentillette, assez pataude ; on est en 2004, mise en application de la réforme du code de la famille avec le droit pour les femmes de demander le divorce. Espoir chez les épouses, désespoir chez les maris.... Pour Aziz (l'excellent Aziz Saadallah), il est hors de question que quoi que ce soit puisse changer. Mari tyrannique, patron odieux, c'est un affreux par excellence. Directeur d'une fabrique de jean, il fait régner la terreur parmi ses ouvrières, tout en étant servile devant le propriétaire, un abominable profiteur. Se présente une possible grosse cliente, féministe (Chantal Ladessou), qui insiste pour que la femme d'Aziz, Soraya (la ravissante Nezha Rahil), assiste au repas d'affaire. Soraya , toute heureuse de cette sortie inattendue parle d'elle, rit -et déshonore Aziz: en public, elle fume une cigarette et boit TOUT un verre de vin, ce qui lui vaudra sa raclée en rentrant à la maison. Alors, elle va chez une sorcière pour avoir un sort capable de changer son mari -et ça marche! Aziz devient gentil, prévenant, attentionné près de sa femme, et au delà de sa vie privée, commence à s'intéresser aux vies difficiles de ses ouvrières, à tenter de les aider. Il devient la bête noire des maris du quartier! mais le chouchou des épouses, dans une atmosphère gentiment pagnolesque; il est même désigné par un magazine comme l'homme de l'année. Dans le même temps il se fait virer, n’étant pas payé pour "comprendre" les ouvrières. Mais celles-ci se mettent en grève....Voilà donc le pitch du film, comédie sympa qui nous montre bien comme il est difficile de faire bouger une société machiste... Le spectateur a pu pénètrer dans la vie de tous les jours du petit peuple de Casablanca ; sur le plan sociologique, le film est très intéressant. Le cinéma est un outil puissant pour nous faire découvrir les autres, la vie ailleurs. Ne le laissons pas pas passer!