La filmographie globale de Tinto Brass ne frôle pas les sommets, mais elle contient quelques métrages pas si mal, et Monella fait plutôt partie de ceux là. Il faudra néanmoins pour l’apprécier aimer l’érotisme, et en particulier celui, assez peu fin et recherché du réalisateur italien qui y va avec les gros sabots.
L’interprétation repose comme souvent chez Brass sur une actrice principale, qui mène la danse, ici Anna Ammirati. Il faut reconnaitre qu’il a le don pour trouver d’excellentes actrices pour conduire ses films, et là Ammirati s’en tire fort bien. Elle impose une belle présence, arrive à donner du relief à son personnage, et donne vraiment du souffle et du dynamisme au film. En revanche, là aussi comme souvent chez Brass, le reste du casting est faiblard. Sincèrement aucun acteur ne m’a marquer, et si certains ont des personnages truculents (dont un religieux évidemment porté sur les plaisirs de la chair), les prestations sont très moyennes. C’est de la mauvaise comédie italienne de ce point de vue avec personnages ultra-caricaturaux et acteurs beaucoup trop cabotins (où à l’inverse trop fadasses).
Le scénario n’a rien de renversant. Néanmoins il est plutôt bien conduit. C’est assez dynamique, on entre vite dans le vif du sujet, il y a des moments vraiment amusants, Brass ne se limitant pas uniquement aux morceaux érotiques, même si en général son humour repose toujours sur des « polissonneries ». Il y a une vraie narration aussi, et un effort de fait pour bâtir une réelle histoire. A noter de surcroit la petite pique anticlérical du réalisateur, et son regard critique sur la société italienne. Le seul vrai défaut que je relèverai sur ce point c’est quelques lenteurs qui s’accumulent dans la deuxième partie. Le film dure 1 heure 40, ce n’est pas énorme mais trop sans doute pour ce que Monella a à raconter.
Sur la forme, bon, c’est correct. La mise en scène est sympathique, et fait preuve d’une certaine vivacité. On retrouve la patte des bons métrages de Brass. Malheureusement, comme souvent chez lui ce n’est pas constant, et c’est surtout le début qui en profite le plus, avec notamment une séquence à bicyclette bien foutue. Après, le film tend à s’enliser un peu avec une mise en scène ronronnante, qui vivote par trop. Je note quand même de belles scènes de danse. La photographie est faible. Le film date de 1998, et pourtant il en parait vingt de plus. Le travail sur les couleurs, les contrastes, l’esthétique de l’image en somme n’est pas assez aboutie, surtout pour un film érotique, genre où il y a un besoin de plasticité important. Les décors ne sont pas mauvais pour certains, dans l’ensemble c’est juste passable. Les scènes érotiques sont assez variées. Si elles ne dépassent jamais le cadre du porno-soft, néanmoins elles ont toute un coté un peu « crade ». C’est un choix du réalisateur que je ne juge pas, mais il est clair qu’il faudra adhérer à ce style pour apprécier. Enfin la musique est une grande réussite. J’ai vu le nom de Pino Donnagio s’afficher au générique, mais il y a une bande son très variées, avec beaucoup de genre musicaux différents, et des moments franchement réussis. Elle n’est pas pour rien dans le sentiment positif que j’ai pu avoir de Monella.
En clair, c’est là un film que je déconseille vivement à ceux qui d’une part ne sont pas amateurs de cinéma érotique, et d’autre part à ceux qui recherchent dans l’érotisme, de la sensualité, du raffinement. Monella est une comédie globalement amusante et plutôt réussie, mais est traversé de séquences qui n’hésitent pas occasionnellement à virer vers la vulgarité. C’est compensé par le fait que ce n’est jamais sérieux, mais enfin, ca rebutera une part du public, c’est certain. Ceux qui veulent en tout cas découvrir le style de Tinto Brass, et savoir s’ils sont aptes à visionner le reste de sa filmographie, je leur conseille de commencer par ce Monella, qui résume bien le réalisateur.