Pontypool, on aime ou on déteste. Rejoignant la tradition du film claustrophobe, comme déjà parfaitement maîtrisé par Kubrick dans Shining ou, dernièrement, par Rodrigo Cortés dans Buried, Pontypool est un film de non-vu. La claustration est, par nature, un thème forcément récurrent dans les productions horrifiques où il est question de zombis (au sens large du terme) dont il faut réchapper : les cas cultes sont ceux de Romero, avec la maison abandonné de la "Nuit des Morts Vivants", le centre commercial de "Dawn of the Dead", la clinique du "Jour des Morts Vivants".
Bruce McDonald va tout de go dans cette logique, nous enfermant avec ses personnages dès les cinq premières minutes, pour un huis-clos terrifiant. Ici, la terreur ne naît pas d'effets horrifiques grand-guignolesques ou chics et chocs (à peine quelques séquences qu'on nommera généreusement "gore", et qui doivent occuper 10 minutes du métrage entier).
La peur naît avant tout du hors champ ; autrement dit, on aurait là une version horrifique de Haneke, jusqu'au-boutiste dans les jeux d'intérieur/extérieur (autant physique que de cadrage). En se focalisant tout du long sur l'équipe de radio dans ses locaux, tous les moyens de transmission (la radio elle même, les téléphones, la télévision...) deviennent autant de moyens de faire monter la pression ; car justement, nous ne voyons rien, donc nous ne savons concrètement rien.
Et McDonald de renforcer cette tension avec les aléas desdits réseaux : qu'est ce qui est vrai? qu'est ce qui est faux?
Certes l'exercice de style en rebutera plus d'un : il faut aimer se faire peur de façon détournée, disons. J'avoue avoir eu plus peur avec ce métrage que devant les Secte Sans Nom ou autres films (si nombreux) qui jouent sur le m'as-tu-vu (m'as-tu-vu pas forcément dommageable d'ailleurs, je tiens à le préciser!).
Entendre des cris, des voix étranges, des actions se jouer, en ne les entendant que par téléphone, et réussir à nous effrayer rien qu'avec ça, prouve bien l'inventivité du réalisateur (sans oublier le scénariste-écrivain Tony Burgess évidemment) et l'admirable travail de montage son qui a été fait ici.
La fin, ou plutôt l'explication, pourra en perdre plus d'un, si ce n'est désarçonner ou dépiter, mais, quoique relativement extraordinaire, on n'a jamais vraiment vu ça au cinéma. Et quand on rentre dans un film, il faut savoir se laisser porter...
Un métrage qui pourrait ainsi faire de légers échos au roman "Cell" de Stephen King, tout en suscitant la terreur avec finalement rien, juste un climat parfaitement maîtrisé et des acteurs très bons (en même temps, Stephen McHattie a joué pour Cronenberg, Emmerich, Snyder, ou Landis), exception faite cependant pour Harant Alianak, piètre Docteur Mendez...
Pontypool en ravira comme il en offusquera certains, son choix de mise en scène pouvant plaire comme ennuyer. Personnellement, j'ai bien aimé, et je le conseille chaudement.