Loin de la poésie de Cocteau ou de la magie de Disney, Sortilège revisite le mythe de "La Belle et la Bête", en replaçant l'histoire de nos jours, et au cœur d'un univers adolescent. Vu comme ça, j'imagine déjà que pas mal doivent tirer la moue. Et pourtant, on est en droit de se dire pourquoi pas, et que le roman d'Alex Flinn dont est tiré le film, n'est peut-être pas si mal. Car finalement la morale du conte, universelle et intemporelle, a encore largement tout son sens dans la société actuelle et encore plus durant la période de l'adolescence. Le film ne commence en plus pas si mal, en faisant du personnage principal le beau gosse populaire du lycéen, un brin arrogant bien sûr, mais finalement loin d'être aussi con qu'on voudrait bien le croire. Bref, il a bien compris que son physique lui permettrait assez facilement d'avoir tout ce qu'il désire dans la vie, et sur ce point il a pas fondamentalement tord. Le problème c'est que rapidement après la transformation (via une sorcière légèrement ridicule et au look gothique, forcément), on verse dans le gros teen-movie version téléfilm Disney, avec un Kyle qui devient "bête" dans tous les sens du terme, et un film qui se recentre trop sur une amourette, qui manque singulièrement de profondeur. Pourtant il y a des onces de bonnes idées, qui auraient pu ancrer le film dans une réalité actuelle, comme le père de la Belle, camé jusqu'à la moelle, ou celui absent de la Bête. Le problème, c'est que, trop vite expédiés, ces thèmes deviennent alors de simples anecdotes clichés. Mais le principal défaut du film, est quand même de renier complétement le message originel du conte. Bien sûr, il prône la beauté intérieure sur la beauté extérieure, mais il se fait prendre à son propre jeu. Exit les poils de la Bête, remplacés par un maquillage trop artificiel sur le visage du héros, et juste quelques tatouages sur son torse nu, omniprésent pour compenser la perte du doux visage de Pettyfer... Les demoiselles ont quand même payé leur ticket pour admirer le jeune acteur, donc faut leur en donner un minimum pour leur argent.
Plutôt que de vraiment revisiter "La Belle et la Bête", Sortilège se contente de s'en servir comme trame à un teen-movie classique comme savent nous en servir à la pelle les américains. Pour ceux qui sont restés un peu ados, ça se laisse regarder, mais ça sera aussi vite oublié.